Grand livre des soins palliatifs

Cher (e)s collègues,

Tous mes remerciements à la Maison Victor Gadbois qui m’offre de participer à l’une de ses missions fondamentales qui est celle de la diffusion de l’art et de la science des Soins Palliatifs.

Ayant côtoyé et ayant appris des pionniers comme les Dr Quenneville, Boisvert et Mount, je considère que ma génération médicale, formée dans les années 1970-1990 est la seconde génération de médecins s’étant intéressé spécifiquement à des malades atteints de la maladie cancéreuse, à une phase dépassée de cette maladie.

Avec notre génération, les frontières entre La ‘’Cure’’ et la ‘’Palliation’’ se sont graduellement rapprochées (on ne guérit pas grand monde en médecine).

Les traitements se sont raffinés au détriment souvent de l’innocuité; la longévité s’est allongée, avec un cortège d’effets désagréables directement liés au traitement de la maladie déjà source de multiples problèmes. Avec notre génération, l’implication des médecins de Soins Palliatifs dans le dossier des malades cancéreux se fait plus précocement par le biais des cliniques externes, grâce aux liens privilégiés que nous avons tissés avec les différentes disciplines oncologiques.

Avec notre génération aussi l’essence même et le visage de nos malades ont changé. Il n’est plus rare que nos cliniques externes et que nos unités de Soins Palliatifs admettent des malades en phase terminale d’une maladie non cancéreuse, mais bien d’une maladie neurologique, cardiaque, rénale , hépatique ou pulmonaire chronique.

Nous avons aussi formé la troisième génération (j’ai le bonheur de travailler dans notre service avec trois médecins qui furent mes Résidentes) et déjà nous côtoyons la quatrième génération de futurs médecins de Soins Palliatifs du Québec.

Je suis issu d’un temps médical ( 1970) qui n’imposait pas de très grand carcan à la pratique et au choix de notre pratique clinique. Issu du tronc commun des études universitaires médicales, j’avais opté pour le programme de Médecine Interne dans lequel j’ai étudié trois années. Décidant d’aller en pratique générale sans terminer la dernière année de la résidence en spécialité, je commençai une pratique générale (et non d’appellation Familiale comme aujourd’hui) faite de travail en Salle d’urgence d’hôpital, de visites à domicile, de pratique en Soins Intensifs, de Gériatrie en CHSLD, de médecine en cabinet pour converger depuis 20 ans vers une pratique exclusive de Soins Palliatifs et de clinique externe Anti-douleur après un certificat en Sciences neurologiques de la douleur de l’université du Québec avec mon maître neuro-physiologiste, le docteur Serge Marchand.

Malheureusement en regardant mes dernières 40 années médicales, je me rends compte aussi de la fragilité de l’existence des Soins Palliatifs comme discipline. Nous n’avons pas de reconnaissance officialisée; nous sommes à la merci des mouvances intellectuelles politiques assorties de promesses rarement tenues; nous n’avons pas un enseignement médical uniformisé universitaire qui donnerait une crédibilité scientifique à notre expertise et à nos médecins.

Sont colligées dans ce livre électronique 15 années d’enseignement aux médecins, pharmaciens et infirmières du Québec et d’ailleurs.

J’espère intéresser une nouvelle génération de professionnels de la santé à cette médecine particulière tant au niveau des sciences de base que des sciences humaines et éthiques.
Bonne lecture