Tableau IV – Biothérapie des cancers

Biothérapie des cancers : Toxicités et complications les plus fréquentes des agents non cytotoxiques non hormonaux pour le traitement des cancers.*
(Voir le site Action Cancer Ontario pour une liste plus complète) 9

Thérapies non ciblées

 

Immunothérapie passive non spécifique 

Toxicités et complications les plus fréquentes 10

Les Interférons (interféron alpha SC) sont utilisés dans le mélanome, le cancer du rein, la leucémie myéloïde chronique, le lymphome non hodgkinien, le lymphome T cutané et le sarcome de Kaposi. Ils sont aussi utilisés dans certains cas d’hépatites.

L’interféron possède une activité directe antiproliférative : il module la réponse de l’hôte en favorisant l’activité lymphocytaire cytotoxique.

Symptômes grippaux qui s’améliorent habituellement avec le temps, fatigue, goût métallique, bouche sèche, nausées, perte d’appétit. Changement de l’humeur, dépression. Transpirations. Une neurotoxicité habituellement réversible est possible avec des hautes doses (traitement du mélanome) : confusion, léthargie, hallucinations, convulsions.

Myélosuppression, risque augmenté de thromboembolies, toxicité hépatique et pulmonaire, arythmies et cardiomyopathie.

Les interférons peuvent aggraver ou causer des évènements sévères ou même mortels ischémiques, infectieux, auto-immuns ou psychiatriques.

Les Interleukines sont utilisées dans le cancer du rein métastatique et quelquefois aussi pour le traitement du mélanome. La voie sous-cutanée, habituellement quotidienne, est la plus utilisée.


L’Interleukine 2 est une hormone naturelle comportant des propriétés immunorégulatrices : elle stimule la prolifération des lymphocytes, leur activité de destruction cellulaire, et induit la production du TNF (tumor necrosing factor).

La fièvre est presque toujours présente, avec un rash et un syndrome grippal.

On peut retrouver aussi de la neutropénie, des infections, des saignements, des ecchymoses, des ulcérations de la bouche ou un gain de poids. La neurotoxicité est fréquente : agitation, dépression, délirium.

Des neuropathies périphériques peuvent survenir ainsi qu’une aggravation des épanchements séreux déjà présents.
On peut retrouver avec les Interleukines un risque d`hypotension sévère, de dysrythmies cardiaques, et d’œdèmes.

Immunothérapie active non spécifique 

 

Le BCG intra vésical pour le cancer de la vessie constitue un traitement non spécifique non invasif qui fait rejeter par l’inflammation vésicale les cellules cancéreuses.

Sang dans l’urine, fièvre, frissons, fréquence urinaire augmentée, brûlure urinaire, urgence mictionelle et syndrome grippal. Des infections urinaires sont possibles ainsi que des contractures vésicales menant à une réduction de la capacité vésicale.

Les thérapies ciblées, dites spécifiques.
Ces agents visent à bloquer certaines molécules ou certains récepteurs à la surface des cellules cancéreuses qui transmettent un signal de multiplication, notamment les récepteurs impliquant la tyrosine kinase**

 

•Anticorps monoclonaux qui ciblent certaines molécules surexprimées dans les cellules cancéreuses 
Bevacizumab (Avastin®), en IV, pour le cancer colorectal métastatique.
Rituximab (Rituxan®), en IV, pour le lymphome non hodgkinien.
Trastuzumab (Herceptin®) en IV, pour le cancer du sein avec surexpression HER2/neu.
 Cetuximab (Erbitux®) en IV, pour le traitement du cancer colorectal métastatique et certains cancers ORL.

Ces molécules relativement nouvelles peuvent provoquer des effets indésirables non spécifiques ainsi que des complications modérées ou sévères. Des réactions muco-cutanées sévères peuvent survenir avec le Rituxan® (Pemphigus, Stevens Johnson) ainsi qu’un syndrome aigu de dyspnée, bronchospasme et hypoxie possible lors du premier traitement d’une masse tumorale de volume important (relargage des cytokines).
L’Avastin® augmente le risque thromboembolique de façon significative. Il augmente aussi le risque d’hypertension artérielle : on effectue une surveillance des patients déjà hypertendus et l’ajustement des antihypertenseurs au besoin.
Il y a un risque augmenté de saignements, du nez surtout, de retard de cicatrisation et de perforation gastro-intestinale.
Une cardiotoxicité est possible avec l’Herceptin ®. Celui-ci est sinon habituellement bien toléré. Une hypersensibilité immédiate avec fièvre, hypotension et rougeurs peut survenir au premier traitement, sans récidive habituellement aux suivants, avec une bonne réponse aux antipyrétiques.
Le Erbitux (peut provoquer des réactions aiguës importantes avec bronchospasme et hypotension. La toxicité cutanée est possible et d’intensité variable.
Le suivi de ces traitements complexes se fait donc par l’équipe d’oncologie.

•Inhibiteurs des récepteurs de tyrosine kinase (récepteurs EGFR, PDGF, VEGF, HER 2) **
Imatinib (Gleevec®) pour la leucémie myéloïde chronique et le cancer gastro-intestinal
Sunitinib (Sutent®) pour les cancers du rein et gastro-intestinal
Sorafanib (Nexavar®) pour les cancers du rein
Lapatinib oral (Tykerb®) pour le cancer du sein, non approuvé au Canada. (Non-commercialisé encore au Canada en 2009, disponible en étude clinique seulement).
Gefitinib (Iressa®), par voie orale, pour le cancer du poumon non à petites cellules (NPC)
Elotinib (Tarceva®), par voie orale, pour les cancers avancés du poumon (NPC) et du pancréas (non approuvé en 2009 au Canada pour le cancer du pancréas)
Nilotinib (Tasigna®) et le dasatinib (Sprycel®), par voie orale, pour le traitement de la leucémie myéloïde chronique résistante.

Le Gleevec ® (peut provoquer une rétention hydrique avec œdèmes secondaires, rarement une insuffisance cardiaque, des ascites ou des épanchements pleuraux.

Le Sutent ® (peut affecter la fonction ou le rythme cardiaque et provoquer une hypothyroïdie, une coloration jaune de la peau et de la dysgueusie. Des cas d’hémorragies tumorales ont été rapportés.
Le Tykerb ® (peut provoquer de la diarrhée et possiblement une toxicité cutanée surtout lorsque associé au Xeloda ((capecitabine). On peut retrouver une érythrodysesthésie palmo-plantaire douloureuse (syndrome mains pieds) ainsi qu’une possible réduction de la fonction ventriculaire.
L’Iressa ® et le Tarceva ® sont en général bien tolérés, les effets indésirables les plus fréquents étant la diarrhée, les rashs cutanés, et l’acné.

Autres*

 

Agent de la différenciation cellulaire comme le ATRA (all trans retinoic acid) : Vesanoid® dans certaines leucémies myéloïdes chroniques

 

La Thalidomide, la Lénalidomide (Revlimid®) et le Bortezomide (Velcade®) pour le myélome multiple

 

* Liste non exhaustive

** Les kinases sont un ensemble d'enzymes servant à la transmission de signaux au noyau des cellules afin d'assurer le bon déroulement de certains processus tels que la croissance et la différenciation cellulaire. La tyrosine kinase effectue la phosphorylation d’une protéine au niveau d’un de ses acides aminés, la tyrosine, évènement clé aboutissant à la multiplication des cellules. Certaines tyrosines kinases sont au niveau des récepteurs membranaires, d’autres sont situées dans le cytoplasme. Leur altération peut conduire à un cancer en raison d’une multiplication cellulaire accrue. Les nouveaux agents anticancéreux faisant partie de la catégorie des thérapies dites ciblées bloquent les messages de prolifération dans les cellules cancéreuses.