La dyspnée en général

La dyspnée est intimement liée à la détresse, en étant parfois la cause, parfois la conséquence ou les deux; elle se définit comme la perception sensorielle et émotionnelle d’un inconfort respiratoire de qualité et d’intensité variables. Il y a difficulté à respirer et plus la difficulté est grande, d’apparition brusque et soutenue, plus il y a détresse. Tout comme dans la douleur, la perception est à la fois sensorielle et émotionnelle et encore plus désagréable, car la notion de «vie ou de mort immédiate» est présente ou vécue comme telle par le malade.

Mais, qu’est une mauvaise respiration? Trop vite, pas assez vite, irrégulière, trop ample, pas assez ample? 

En physiologie, en situation normale de repos, la fréquence respiratoire normale est de :

  • 20 à 30 cycles par minute chez l'enfant (< âge de la puberté),
  • 12 à 20 cycles par minute chez l'adulte.

28 cycles et plus par minute témoignent d’un rythme très rapide qui grève l’énergie musculaire respiratoire du patient déjà affaibli et souvent cachexique.

Avec une fréquence plus grande que 20/min, on peut parler de tachypnée ou de polypnée dépendant de la raison pour laquelle le corps doit augmenter sa fréquence respiratoire et on parle de bradypnée à 12/min et moins.

La tachypnée est à distinguer de la polypnée : contrairement à la tachypnée où le volume courant est normal, la polypnée est une augmentation de la fréquence respiratoire avec diminution du volume courant (ventilation rapide et superficielle).

La tachypnée vise à compenser un besoin accru en oxygène, par exemple lors d'un effort (sport). Le rapport entre les gaz sanguins reste cependant équilibré, au contraire de l'hyperventilation qui vise à corriger un excès de dioxyde de carbone sanguin.

L’analyse sémiologique de la dyspnée est basée d’abord sur le caractère aigu ou chronique de la dyspnée, les modifications du mode ventilatoire, la circonstance d’apparition et les signes associés. C’est l’acuité et la brutalité de survenue qui est dramatique, ainsi que la détérioration rapide de l’épisode pouvant aboutir au décès.

On note en clinique cinq types de dyspnée :

  1. La respiration de Cheyne-Stokes;
  2. L’ hyperventilation neurogène centrale;
  3. La dyspnée de Küssmaul;
  4. La respiration apneustique;
  5. La respiration ataxique.

La conscience ou la perception d’un inconfort respiratoire amène toujours une anxiété qui peut aboutir ultimement à une grande détresse quand le malade demeure conscient.

Toute hyperventilation n’est pas une détresse et peut parfois être un phénomène de défense du corps contre l’acidose, l’anémie ou l’hypoxie, peu importe la cause. L’hyperventilation peut être le reflet d’une anxiété pure.

Toute dyspnée ne mérite pas obligatoirement un protocole de détresse respiratoire!

À nous, les soignants, de bien évaluer la situation et bien l’expliquer aux malades et aux familles.

L'analyse de la respiration peut apporter des informations essentielles sur l’état général et sur l’état neurologique.


Type de dyspnée
Description
Niveau de l’atteinte  anatomique
Respiration de Cheyne-Stokes
Mouvements respiratoires qui s'amplifient progressivement jusqu'à un maximum qui aboutit à une apnée et le cycle reprend.
Diencéphalique ou mésencéphalique supérieure
Hyperventilation neurogène centrale
Polypnée ample, rapide, régulière
Mésencéphalique ou protubérantielle haute
Dyspnée de Küssmaul
Les gaz du sang font la différence.
Acidose métabolique ou hypoxie
Respiration apneustique
Pause respiratoire après chaque inspiration, parfois même après l’expiration
Protubérantielle basse
Respiration ataxique et gasps
Respiration irrégulière et anarchique : l'arrêt respiratoire peut survenir à chaque instant.
Bulbaire