Les métastases cutanés

Les métastases cutanées ne sont pas rares : elles touchent 1 à 4 % des cancers 31. Mis à part les cancers cutanés eux-mêmes (mélanome surtout), les autres cancers les plus souvent impliqués sont le cancer du sein, dont certaines formes peuvent être considérées comme un cancer cutané superficiel de par leur localisation sous-cutanée et leur extension importante au réseau lymphatique thoracique superficiel, les cancers ORL, les cancers pulmonaires et les carcinomes abdominaux-pelviens comme les cancers ovariens, du pancréas, du rein et de l’endomètre, cancers qui peuvent se présenter par une lésion ombilicale, le nodule de Sœur Marie Joseph.

La formation des métastases cutanées se fait le plus souvent par voie lymphatique, donc près de l’organe d’origine, mais elle peut se faire aussi par voie hématogène, donc à distance ou par contiguïté. Les cancers hématologiques comme les leucémies et les lymphomes peuvent aussi provoquer des lésions cutanées sous la forme de plaques, de nodules ou de tumeurs locales, avec ou sans nécrose. Les adénopathies cancéreuses palpables superficielles du corps (Dessin adénopathies palpables et non palpables) peuvent ulcérer à la peau et provoquer des lésions cutanées secondaires.  Les métastases cutanées de certains cancers ont des sites de prédilection qu’il est utile de connaître en clinique Tableau I

Adénopathies palpables et non-palpables
Adénopathies palpables et non-palpables


Tableau I -

sites de prédilection des métastases cutanées selon le cancer d’origine
Cancer d’origine

Sites de prédilection des métastases cutanées

Cancer du sein

Thorax et cuir chevelu

Cancer du poumon

Le dos, selon l’axe des vaisseaux sanguins intercostaux.

Cancer du rein et de la vessie

Les flancs, l’abdomen

Cancers de l’ovaire et de l’endomètre

L’abdomen et l’ombilic (Nodule de Sœur Marie Joseph)

Cancers du tube digestif incluant le cancer du pancréas

L’abdomen et l’ombilic (Nodule de Sœur Marie Joseph)

Cancer de la prostate

Le flanc, le thorax et le cuir chevelu

Mélanome

N’importe où sur le corps

Lymphome ou leucémie

N’importe où sur le corps

Les métastases cutanées sont typiquement indolores lorsqu’elles ne sont ni volumineuses ni infectées. Elles ont des rebords bien délimités et sont habituellement dures et fixées aux tissus sous-cutanés, recouvertes d’une peau normale ou légèrement hyperhémie (vascularisation augmentée au niveau de la tumeur) tant que la lésion ne devient pas ulcérée.

Les nodules cancéreux diffèrent de la lymphangite cutanée carcinomateuse, la lymphangite étant en continuité le plus souvent avec la tumeur d’origine. La lymphangite cutanée carcinomateuse se manifeste typiquement par des placards érythémateux quelquefois douloureux, à croissance rapide, sur une base cutanée cartonnée, placards qui peuvent venir ensuite à s’ulcérer.

Il n’est pas toujours nécessaire de procéder à une biopsie des lésions cutanées d’apparence néoplasique dans un contexte de cancer en phase avancée ou palliative ou lorsque l’étiologie du cancer est connue. En présence de métastases cutanées, le pronostic est habituellement sombre, les métastases cutanées étant le plus souvent le témoin d’une maladie avancée. Près de la moitié de ces patients meurent dans les 6 mois qui suivent la découverte de métastases cutanées, le pronostic le plus sombre accompagnant les métastases cutanées d’un cancer du poumon 32.

Le traitement symptomatique des métastases cutanées dépend surtout du cancer d’origine. Les métastases cutanées n’étant pas toujours douloureuses lors de leur apparition, il ne sera pas nécessaire de les traiter. Des métastases cutanées extensives et en rapide croissance peuvent par contre provoquer des douleurs importantes : un traitement oncologique palliatif de confort pourra alors être proposé pour tenter de contrôler certains cancers radiosensibles ou chimiosensibles.

On peut faire l’exérèse d’une métastase cutanée lorsque la lésion est unique ou lorsque des lésions peu nombreuses sont circonscrites, mais les récidives sont fréquentes après l’intervention chirurgicale. On peut procéder à une radiothérapie locale en surface pour les cancers radiosensibles, radiothérapie palliative habituellement effectuée dans le but de ralentir la croissance rapide de tumeurs superficielles esthétiquement déformantes, mais le patient doit être avisé d’un risque de nécrose cutanée et de plaie ouverte suite au traitement, en raison de la perte d’épithélium sain et d’une régénération plus lente d’un épithélium irradié.

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