Les opioïdes et la dyspnée

Le mode d’action des opioïdes sur la dyspnée n’est pas clair.

Les opioïdes entraîneraient une diminution de la sensibilité des centres respiratoires à l’hypoxie et à l’hypercapnie, une diminution de la consommation d’oxygène et une diminution du travail respiratoire, une diminution de l’activité du centre de la toux,  une diminution de l’anxiété et de la douleur, une amélioration d’une éventuelle décompensation cardiaque, en modulant la précharge cardiaque (diminution), donc en jouant un rôle bénéfique sur la dyspnée qui accompagne un oedème aigu pulmonaire.

Des études expérimentales utilisant une imagerie cérébrale par TEP Scan semblent montrer que les zones du cerveau activées lors de la sensation de dyspnée sont les mêmes que celles activées lors du vécu sensoriel de la douleur aiguë ou chronique. Il semble ainsi plausible de poser l’hypothèse que les opioïdes diminuent la sensation de «peine à respirer» d’une façon similaire au soulagement de la douleur (action centrale) (Boyd KJ, Kelly M).

Bien qu’on ait pu montrer qu’il existe des récepteurs périphériques opioïdes notamment au niveau bronchique, les différentes études cliniques n’ont pas pu démontrer que la morphine nébulisée était plus efficace qu’un placebo dans le soulagement de la dyspnée. Les opioïdes demeurent sous-utilisés dans cette indication notamment en raison de la crainte d’une éventuelle dépression respiratoire.

Les opioïdes constituent actuellement l’un des piliers de la prise en charge symptomatique médicamenteuse de la dyspnée. Quelle qu’en soit l’origine, c’est la morphine qui a été majoritairement testée dans les études cliniques et dont l’efficacité a été démontrée. Elle peut diminuer l’intensité de la dyspnée et peut aussi augmenter la tolérance à l’exercice chez les patients oncologiques et BPCO.  Les molécules telles que le fentanyl, la buprénorphine, la méthadone et l’oxycodone n’ont été étudiées dans cette indication que de façon anecdotique, voire pas du tout.

L’hydromorphone, molécule structurellement très proche de la morphine, semble être efficace sur la dyspnée selon une étude récente.

Dans une étude aux États-Unis sur l’arrêt de la ventilation des patients, les opioïdes n’accéléraient pas le moment du décès et l’utilisation des sédatifs semblait prolonger la vie. 

(Chan JD, Treece PD,  Engelberg RA, Crowley L, Rubenfeld GD, Steinberg KP, et al.)