POINTS ESSENTIELS

· Les analgésiques opiacés activent simultanément, dès la première administration, non seulement des systèmes inhibiteurs de la nociception mais également des systèmes facilitateurs de la nociception (systèmes pronociceptifs).

· L'effet analgésique ou non analgésique observé à la suite de toute administration d'analgésique opiacé est la résultante de ces deux effets opposés.

· L'effet analgésique est d'emblée partiellement masqué dès la première administration.

· L'activation des systèmes pronociceptifs peut être prévenue par des antagonistes des récepteurs NMDA comme la kétamine; un tel traitement amplifie l'effet analgésique.

· L'activation des systèmes pronociceptifs NMDA-dépendants  et  leurs effets physiologiques durent plus longtemps que l’effet des systèmes antinociceptifs opioïdes et se traduit par une hyperalgésie qui peut durer plusieurs jours, de manière dose-dépendante en fonction de la dose d'analgésique opiacé utilisée.

· L'hypersensibilité de longue durée induite par les analgésiques opiacés est responsable de la « résistance » (tolérance) aux effets analgésiques des substances opiacées (fentanyl, morphine, héroïne).

· La sensibilisation via les systèmes pronociceptifs pourrait jouer un rôle majeur dans les processus de chronicisation de la douleur. La douleur aiguë mène à la douleur chronique de façon chimique.

· Il est désormais possible d'envisager l'usage de médicaments qui, bien que dénués d'effets analgésiques per se, sont capables d'améliorer la prise en charge de la douleur en prévenant la sensibilisation des systèmes pronociceptifs.