Psyché, soma et biologie

Des facteurs d'ordre psychologique et des douleurs incontrôlées 

contribuent à la perte de poids, de même qu'à l'augmentation de la dépense énergétique liée à la tumeur, aux surinfections, aux traitements médicaux et chirurgicaux.

Comme pour les causes non cancéreuses, d'importantes anomalies ont été observées lors d'apparition de tumeurs; tout d’abord :

Le métabolisme des glucides est atteint

Augmentation de la glycolyse, de la glucogenèse, de l'activité du cycle de Cori (glycolyse et gluconéogénèse), ainsi qu'une résistance à l'insuline.

Le métabolisme des acides gras est aussi perturbé  

Le cycle (synthèse-catabolisme) des acides gras augmente. Une grande partie de la perte de poids chez les patients cancéreux est due à une perte de masse grasse accompagnée d'une hyperlipémie.

Et finalement, le métabolisme des protéines devient perturbé  

La perte des protéines du muscle peut être due à une diminution de leur synthèse, à une augmentation de leur dégradation ou une combinaison des deux. Finalement, le taux de glutamine (principal acide aminé du muscle) diminue pour deux raisons principales. D'une part, le muscle strié perd sa capacité à synthétiser la glutamine lors de la phase précachexique et, d'autre part, la cellule cancéreuse et les cellules immunes activées en sont des grandes consommatrices. La principale conséquence de cette diminution est l'apparition de dysfonctionnement des organes dépendants de la glutamine pour la préservation de l'intégrité du tractus gastro-intestinal, de la balance acido-basique, du système immunitaire et de la masse musculaire.

Il y a aussi les cytokines et d’autres messagers

Les mécanismes biologiques contribuant à la perte de poids dans la cachexie cancéreuse sont nombreux. Les cytokines sont fortement impliquées.

Elles peuvent être sécrétées directement par la cellule cancéreuse (interleukine 6 (IL-6)) ou par des cellules immunes stimulées par des substances relâchées par la cellule cancéreuse (interleukine 1 (IL-1), interféron g (IFN-γ), cachexine (tumor necrosis factor-α).

Elles agissent sur le cerveau pour induire l'anorexie, sur les tissus adipeux pour diminuer la synthèse des graisses et augmenter leur catabolisme, sur les muscles pour diminuer la synthèse des protéines et augmenter leur dégradation et sur le foie pour augmenter la production de glucose et la synthèse des réactants en phase aiguë.

Les cytokines peuvent aussi induire «un stress oxydatif».

On observe une augmentation de la sécrétion d'hydrocortisone et de catécholamines (contribuant à l'augmentation de la dépense énergétique) ainsi qu'une augmentation de la sécrétion de glucagon accompagnée d'une diminution de la sécrétion d'insuline. Le taux élevé de glucagon dans le sang provoque une résistance à l'insuline, une augmentation de la gluconéogenèse et de la perte d'azote et mène à la cachexie avancée.

Finalement d'autres substances

jouent aussi un rôle important dans le processus menant à la cachexie. Il s'agit d'une part de facteurs lipolytiques (lipid-mobilizing factors), protéines acides produites par la tumeur décomposant les graisses en acide gras et en glycérol de la même manière que les hormones lipolytiques et, d'autre part, d'un facteur protéolytique (protein-mobilizing factors), glycoprotéine sulfatée, agissant directement sur le muscle.

Étiologies multiples mais même processus final

Outre la maladie cancéreuse, des maladies telles que l'anorexie mentale ou encore l'obésité peuvent conduire à un état de dénutrition. Les décompensations œdémateuses (notamment ascite ou œdème des membres inférieurs) représentent également un facteur favorisant, la surcharge hydrosodée dans les tissus extracellulaires induisant la dilution des protéines et leur malabsorption cellulaire.

La perte d'appétit liée à l'âge ou à un traitement médical peut également conduire à la dénutrition. Différentes maladies altérant à terme la conscience (maladie d'Alzheimer, coma, maladie mentale ou encore syndrome de Korsakoff) sont des facteurs prédisposant à la dénutrition.

Le processus de cicatrisation (plaie opératoire, escarre) sollicite des ressources protéiques supplémentaires, et de facto peut conduire à un état de dénutrition en l'absence de supplémentation nutritionnelle.

Un mauvais état du système digestif peut conduire à la dénutrition. Les facteurs sont variés et regroupent les affections de la bouche (mucite, mauvais état dentaire), difficultés à la digestion (nausées, vomissements, constipation), maladies digestives (ulcère gastroduodénal, divers syndromes de malabsorption).

D'un point de vue social, de mauvaises conditions d'hygiène alimentaire peuvent conduire à la dénutrition.