DOULEUR NEUROGÈNE PAR COMPRESSION D'UN NERF VUE DE PROFIL UNIQUEMENT

DOULEUR NEUROGENE ET MASSE TUMORALE: LA SEQUENCE COMPRESSION - INFILTRATION - SECTIONNEMENT
 
En ce qui a trait à la compression tumorale, il importe de signaler que la compression résulte d'abord de l'oedème présent au niveau de la masse tumorale et au pourtour immédiat de celle-ci avant que cette compression ne résulte vraiment de la masse.
 
Classiquement dans nos enseignements, la notion d'oedème péritumoral est présentée comme s'il s'agissait d'une exclusivité retrouvée au pourtour de masses tumorales cérébrales primaires ou métastatiques. Cependant, il faut lever cette "fausse exclusivité" puisque la présence de cet oedème ne se limite pas exclusivement au pourtour du tissu tumoral présent dans le cerveau. De l'oedème péri-tumoral, avec une intensité variable, se forme en fait au pourtour de tout tissu tumoral, où qu'il se trouve dans l'organisme.
 
C'est donc l'oedème péri-tumoral au début qui comprime les fibres nerveuses touchées. A cet effet de compression extrinsèque, s'ajoute subséquemment un oedème intraneuronal, signe ou témoin de la souffrance axonale.
 
Cette compréhension "élargie" d'un phénomène qui semble ne recevoir d'attention qu'au niveau du cerveau trouve une des ses applications dans le chapitre des co-analgésiques, particulièrement à la section portant sur les corticostéroïdes où ces substances seront présentées comme pouvant réduire les douleurs neurogènes dans les contextes d'agressions tumorales actives. Ce thème sera abordé dans le manuel III portant sur les co-analgésiques.
 
La masse tumorale, si elle a continué de croître, ne fera compression que beaucoup plus tard sur les structures nerveuses d'abord touchées par l'oedème péritumoral alors qu'elle finira par occuper le volume qui, quelques semaines ou quelques mois plus tôt, était occupé par l'oedème péri-tumoral. L'effet analgésique des corticostéroïdes sera alors perdu!
 
Durant l'évolution du cancer, il importe également de souligner que la croissance anarchique des cellules dans la masse tumorale pourra entrainer des manifestations variées:
 
• en certaines régions, se fera une compression directement par l'oedème,
• dans d'autre zones, c'est la masse tumorale elle-même qui comprimera directement,
• ailleurs, les cellules tumorales, qui se multiplient de façon "complètement folle", infiltreront les membranes (épinèvre) d'un ou de plusieurs nerfs, par la suite les membranes des fascicules (périnèvre) et pénétreront ainsi jusqu'aux axones,
• dans d'autres zones finalement, le processus d'infiltration aura déjà entraîné le sectionnement d'un certain nombre d'axones et si le processus a pu prendre de l'ampleur, c'est le sectionnement du nerf, de la branche d'un plexus ou d'une racine dans son entier qui en résultera alors.
 
C'est à partir du sectionnement d'un certain nombre d'axones dans un nerf, une branche de plexus ou une racine que la désafférentation prend place avec son fardeau de conséquences cliniques. Cette désafférentation peut être:
 
• incomplète, lorsqu'un certain nombre d'axones seulement ont été sectionnés alors que le nerf, la branche du plexus ou la racine demeurent
 
ou
 
• complète lorsque tous les axones composant le nerf, la branche du plexus ou la racine ont été sectionnés (Voir: LA DOULEUR NEUROGENE PAROXYSTIQUE OU "EN SALVES" OU DE DESAFFERENTATION et LE PHENOMENE DE DESAFFERENTATION).
 
Il faut conserver cette vision microscopique de l'envahissement tumoral pour bien comprendre pourquoi plusieurs types de douleurs peuvent se développer dans une même région du corps tout comme pourquoi une douleur peut être ressentie dans une région où la sensibilité tactile est disparue. Cette description "microscopique" de l'invasion tumorale touche l'ensemble des fibres composant un nerf puisque chaque fibre (A, B et C) transportent des informations spécifiques et fort différentes. Ainsi une douleur ressentie dans une région où la sensibilité tactile est disparue s'explique par le simple fait que les neurones nociceptifs ont gardé une activité électrique "erratique" bien sûr alors que la conduction pour la sensibilité tactile a été détruite.
 
LA DOULEUR NEUROGENE SIMPLE
 
La douleur neurogène simple peut être due à:
 
• la compression du tissu nerveux par une masse tumorale. Cette compression, s'exprimant d'abord par un phénomène d'irritation neuronale causant une certaine instabilité électrique, n'est cependant pas suffisante pour conduire à la destruction axonale.
 
• des changements morphologiques et pathologiques variables au niveau des fibres nociceptives. Ces changements ne sont cependant pas reliés à la compression mais ils sont plutôt attribuables à d'autres facteurs diversifiés (diabète, chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie, post-infection, etc.).
 
La compression ou les changements morphologiques exercés par ces agressions sont suffisants, cependant, pour générer une série d'influx nociceptifs qui respectent l'apparence normale des trains d'influx nociceptifs "normaux" dans les fibres touchées. Si on plaçait des électrodes quelque part sur les fibres lésées, autant dans leur portion périphérique que centrale, en autant que ces électrodes soient situées en aval des zones d'agressions, on constaterait que l'architecture des influx nociceptifs est d'apparence normale.