19.6.3 Débridement

Les plaies profondes sont souvent entourées de tissus morts et d’oedème qui compromettent le flot sanguin. Les débris nuisent au processus de cicatrisation et créent un milieu favorable à l’infection. Le débridement permet l’élimination du matériel contaminé ou dévitalisé qui stagne dans l’ulcère. Bien que des mécanismes naturels existent afin de faciliter le débridement, l’évolution de la plaie est parfois meilleure lorsque cette étape est accélérée. Il existe plusieurs types de débridements, tels qu’ils sont décrits dans le tableau 19.3.

Tableau 19.3
Types de débridements

Type de
débridements

Caractéristiques

Mécanique

  • Élimination physique des débris de la plaie; 

  • Hydrothérapie/irrigation/bain tourbillon/exérèse des débris en nécroses molles non adhérentes avec des pinces et gazes lors des changements de pansements;

  • L’application d’un pansement humide qu’on laisse sécher avant le retrait, entraînant tout ce qui y aura adhéré, n’est plus recommandée (non sélective et trop traumatisante – risque de causer des saignements);

  • Méthode qui exige beaucoup de temps pour le personnel infirmier et qui s’avère coûteuse;

  • Aucun débridement mécanique n’est justifié évidemment lorsque le pronostic de durée de vie du patient s’exprime en termes de jours (et même de semaines), puisque ce processus est douloureux.

Autolytique

  • Emploi de divers pansements occlusifs ou semi-occlusifs et non adhérents (ex. : HypergelMD, Intrasite gelMD, Duoderm gelMD), qui maintiennent l’humidité et favorisent ainsi la liquéfaction des tissus dévitalisés par les enzymes présentes dans la plaie (autolyse);
  • Sélectif et non traumatique;
  • Permet la réhydratation de la croûte, l’« autolyse naturelle », la formation du tissu de granulation et la régénération épithéliale;
  • Plus lent que les autres types de débridement, mais moins traumatisant;
  • Débridement à favoriser en soins palliatifs parce que non agressant et convient donc à des soins de confort.

Enzymatique

  • Mode de débridement le plus précis : application d’enzymes naturelles à la surface de la plaie afin de permettre la dégradation du tissu nécrotique;
  • Il n’existe plus sur le marché d’agents de débridement enzymatique depuis que la collagénase a été retirée (une nouvelle demande de mise en marché a toutefois été déposée et est en attente d’acceptation) :
    • Utile si échec du débridement autolytique;
    • Lorsque les méthodes chirurgicales ne peuvent être envisagées, le débridement enzymatique s’avère le mode le plus efficace pour l’élimination d’escarres sur les grandes plaies;
    • La collagénase existe de façon naturelle à l’intérieur des plaies, où elle agit comme matrice métalloprotéinase afin de permettre la dégradation du collagène;
    • La collagénase agit à un pH variant entre 6 et 8 : elle est inactivée par les savons, les détergents, les solutions acides et les ions métalliques comme l’argent et le zinc. Seules les solutions salines ou oxygénées peuvent ainsi être utilisées avant son application;
    • La collagénase ne doit être appliquée que sur la plaie et non sur la peau saine avoisinante.

Chirurgical

  • Méthode plus rapide et plus efficace que le débridement enzymatique pour éliminer les débris et les tissus nécrotiques, particulièrement pour les cas de stade III compliqués et de stade IV;
  • Risques associés : bactériémie transitoire, hémorragie, douleur et perte de tissu sain; ce qui rend à toutes fins utiles ce type de débridement inapproprié dans un contexte de soins palliatifs.

N.B. : Il existe un type de plaies qu’on ne cherche pas à débrider. Ce sont les plaies d’insuffisance artérielle. Intensité de la douleur liée aux méthodes de débridement : débridement autolytique : +; enzymatique : +; mécanique : ++; chirurgical : ++.