19.6.6.2 Plaies malodorantes

Chez environ 10 % des patients, il arrive que les plaies exsudatives, les plaies néoplasiques, les plaies de pression, les fistules ou les plaies chroniques (ulcères veineux des membres inférieurs, ulcères de pieds diabétiques) dégagent une odeur nauséabonde.

En présence d’odeurs et lorsque le pronostic et les objectifs de traitement le justifient, il est indiqué de procéder à une culture et à un antibiogramme afin d’identifier les bactéries responsables et d’amorcer une antibiothérapie par voie orale. Si aucune intervention antibiotique n’est souhaitable, on appliquera d’autres mesures. 

Mesures générales (Tableau 19.6) :

  • aérer la pièce;
  • utiliser un purificateur d’air en vaporisateur, diffuseur ou électrique;
  • garder à l’esprit que toute mesure visant à masquer l’odeur (purificateur, chandelles ou autres) peut entraîner des nausées chez le patient ou les accentuer si elles sont déjà présentes.

Soins locaux :

  • nettoyer la plaie avec solution saline lors du changement de pansement; on peut également employer une solution saline contenant un détergent (SeaclensMD);
  • appliquer le métronidazole; les deux préparations commerciales disponibles (MetrogelMD 0,75 % et FlagylMD 10 %) possèdent une efficacité comparable lorsqu’elles sont appliquées à raison d’une à deux fois par jour. À noter que le gel de métronidazole (MetrogelMD) favorise également le débridement autolytique, ce qui pourrait s’avérer plus avantageux en présence d’un tissu dévitalisé ou nécrotique dans le lit de la plaie. Lorsque le traitement est entamé rapidement, près de 60 % des patients perçoivent une disparition presque complète des odeurs en moins de 24 heures; autre moyen : on peut broyer les comprimés de métronidazole et les saupoudrer dans le lit de la plaie ou encore mélanger les comprimés pulvérisés avec de l’eau stérile pour créer une solution à 0,5 ou 1 % pour irrigation;
  • utiliser des pansements qui absorbent les odeurs;
  • odeurs vaginales : faire une irrigation au métronidazole : triturer quatre comprimés de 250 mg de métronidazole dans 500 ml de NaCl 0,9 %. Bien agiter avant l’usage.

Tableau 19.6
Mesures générales en présence de plaies malodorantes

Traitement

Mécanisme d’action

Efficacité

Innocuité

Facilité d’utilisation

Désodorisants, ventilation, chandelles, utilisation d’une litière, grains de café dans la pièce, etc. Masquent les odeurs nauséabondes. Peu efficaces lorsque
utilisés seuls.
Sécuritaires, mais risque de sensibilisation ou de réactions allergiques pour le patient et l’entourage.

Simple.
Aucune prescription requise.

Charbon activé Filtre ou emprisonne les molécules responsables des odeurs nauséabondes. Adsorption des particules volatiles sur sa surface de contact afin d’empêcher toute fixation ultérieure
au niveau des récepteurs de la muqueuse nasale.
Diminue en présence d’exsudats (désactivation par les protéines de l’exsudat). Sécurité bien établie. Facile.
Charbon souvent incorporé à l’intérieur de différents pansements.

Antibiothérapie systémique :

En présence d’un échec au métronidazole topique, d’une plaie profonde ou de symptômes systémiques, une antibiothérapie systémique peut être amorcée si les objectifs de traitement et le pronostic le justifient et que le patient est d’accord.

Le métronidazole (FlagylMD) par voie orale à raison de 500 mg, trois fois par jour représente l’antibiotique de première intention, en association ou non avec le métronidazole topique. La clindamycine représente une option thérapeutique intéressante en raison de son efficacité contre les bactéries anaérobes.