Les antidépresseurs et la douleur neuropathique Que nous enseignent les revues systématiques de 1996 à nos jours?

Dans une première revue systématique d’études randomisées contrôlées contre placebo (1996), les paramètres recherchés principaux étaient l’opinion globale positive ou négative, le soulagement de la douleur, soit  une diminution de l’intensité de la douleur de 50 % ou plus, ainsi que des informations sur les les effets adverses tant mineurs que majeurs.

Vingt et une (21) études contrôlées contre placebo dans dix-sept (17) études randomisées et contrôlées furent incluses, impliquant dix (10) antidépresseurs. Dans six (6) des treize (13) études portant sur la neuropathie douloureuse diabétique, les rapports des chances (odds ratio) étaient significativement bénéfiques en faveur des antidépresseurs comparés au placebo, soit 3.6 (beaucoup plus de gens soulagés qu’avec le placebo) pour un NNT de 3 (nombre de patients à traiter pour avoir une diminution de 50 % de l’intensité de la douleur).

Dans deux (2) de trois (3) études en neuropathies postherpétiques, les rapports de chance (odds ratio) ont encore là montré des bénéfices significatifs encore plus grands qu’en neuropathie douloureuse diabétique, soit 6.8 pour un NNT de 2.3.

Une seule des trois études en douleur centrale pouvait avoir des données analysables et le NNT estimé était de 1.7.  

McQuay HJ, Tramèr M, Nye BA, Carroll D, Wiffen PJ, Moore A.
A systematic review of antidepressants in neuropathic pain.
Journal of Pain 1996.

Pour conclure

Une comparaison entre les antidépresseurs tricycliques n’a pu conclure à une différence significative entre eux; les tricycliques se sont montrés significativement plus efficaces que les benzodiazépines.

Paroxétine (Paxil®) est moins efficace que imipramine.

Les antidépresseurs sont efficaces dans le soulagement de la douleur neuropathique. Si on compare au placebo, de 100 patients souffrant de douleurs neuropathiques et qui recevront des antidépresseurs, 30 d’entre eux obtiendront un soulagement de 50 % et plus (NNT), 30 auront des effets secondaires adverses mineurs (NNH), et 4 devront cesser le traitement à cause d’effets majeurs négatifs (NNH).

Avec des effets significatifs très similaires pour les antiépileptiques, le choix à faire comme médicament de première intention entre un antidépresseur et un antiépileptique est loin d’être clair.

McQuay HJ, Tramèr M, Nye BA, Carroll D, Wiffen PJ, Moore A.
A systematic review of antidepressants in neuropathic pain.
Journal of Pain 1996.

 

Post 1996 : sont arrivés ensuite de nombreux inhibiteurs sélectifs de recaptage de la sérotonine (ISRS) et le premier inhibiteur sélectif de recaptage de noradrénaline (ISRN) : une mise à niveau de Cochrane en 2007 paraissait alors.

Objectifs de la mise au point

Question existentielle : lequel des antidépresseurs est le plus efficace? Quel est le rôle des plus récents antidépresseurs apparus en 2000? Quels sont les effets négatifs vécus par les malades?

Résultats principaux

Soixante et une (61) études randomisées contrôlées contre placebo furent retenues. Les antidépresseurs tricycliques sont efficaces avec un NNT de 3.6 pour l’atteinte d’un soulagement modéré de la douleur neuropathique.

Il y a peu d’évidence d’une efficacité significative des ISRS, toutefois aucune étude n’a été retrouvée.

La venlafaxine (ISRN) avec trois (3) études montrait un NNT de 3.1.  

Il y avait des évidences  que les antidépresseurs tricycliques n’ont pas d’efficacité dans les neuropathies reliées au VIH.

Le NNH (nombre de patients traités avant qu’un patient sorte de l’étude pour cause d’effets négatifs majeurs) était de 28 pour l’amitryptiline et de 16 pour venlafaxine.

Le NNH pour les effets adverses mineurs fut de 6 pour amitryptiline contre 10 pour venlafaxine.

Conclusions de l’auteur  

Cette mise au point a apporté des confirmations additionnelles de l’efficacité des antidépresseurs en douleur neuropathique.

Cette mise au point a permis aussi de nouvelles informations sur un autre antidépresseur, venlafaxine.

Il y a toujours aussi peu d’évidence pour les ISRS dans le traitement des douleurs neuropathiques.

Ainsi, ADT (antidépresseurs tricycliques) et venlafaxine ont un NNT de trois (3).

Le seul point en faveur des ISRS est leur meilleur profil d’innocuité comparé aux ADT.

Cochrane Database Syst Rev.2007 Oct 17;(4) :
Saarto T, Wiffen PJ; Antidepressants for neuropathic pain.
Helsinki University Central Hospital, Cancer Center,