Les antagonistes NMDA comme thérapeutique possible

Plusieurs raisons militent actuellement, sur une base théorique, en faveur d'antagoniser les récepteurs NMDA pour le soulagement des douleurs neurogènes (et des douleurs chroniques):

  • le fait d'antagoniser les NMDA permet d'abolir le phénomène de "wind-up" alors que les opiacés à eux seuls ne réussissent qu'à le ralentir,
     
  • le fait d'antagoniser les récepteurs NMDA permet de rétablir une partie de l'effet analgésique des opiacés car en "ramenant au silence" une partie des récepteurs NMDA, les récepteurs opiacés peuvent recommencer à répondre à la médication administrée. Bloquer les NMDA élimine donc une partie des effets "anti-analgésiques" résultant de leur stimulation,
     
  • la combinaison d'antagonistes de NMDA et d'opiacés entraîne un effet analgésique synergique et permet d'administrer les deux substances à plus faible dose puisque des effets bénéfiques sont produits à la fois par la stimulation des récepteurs opioïdes (pré et post-synaptiques) et à la fois par le blocage des récepteurs NMDA au niveau des membranes post-synaptiques. (Voir: HYPEREXCITATION ET HYPEREXCITABILITE DES RECEPTEURS NMDA: LES CHANGEMENTS ANATOMIQUES QUI EN RESULTENT AU NIVEAU DE LA CORNE POSTERIEURE)

Pour le moment, trois substances commercialement disponibles sont reconnues pour contribuer à réduire les douleurs découlant de la chaîne d'événements produite par l'activation des NMDA (hyperactivation, hyperexcitabilité, hyperalgésie centrale):

  • la kétamine
  • le dextrométorphan
    et
  • la méthadone

La kétamine semble apporter d'assez bons résultats analgésiques et des résultats encore meilleurs lorsque combinée aux opiacés. Il a été démontré que la kétamine, par voie épidurale, est efficace pour réduire les douleurs neurogènes. Logique en fait, puisque dans les douleurs neurogènes, les dendrites nociceptifs centraux au niveau de la corne postérieure continuent d'être bombardés sans cesse par des influx originant des régions lésées, ce qui entraîne l'activation et le maintien de l'activation des récepteurs NMDA. La kétamine, bien qu'utilisées dans certains milieux, n'est pas encore passée à l'usage courant. Les nombreux effets secondaires, particulièrement les symptômes psychiques tels de la confusion, des cauchemars "éveillés", de l'agitation psychomotrice, des hallucinations désagréables, des distorsions de la réalité génératrices de réactions de panique en limitent particulièrement l'usage. Quant au dextrométorphan, son usage apporte plus de déception que de bénéfice. La méthadone est en voie de devenir la substance désirée pour le traitement des douleurs où l'activation NMDA est suspectée être en cause. Pour le moment, la méthadone est le seul médicament connu jouant le double rôle recherché soit d'être en même temps un opiacé et un bloqueur NMDA. En laboratoire, la phencyclidine et le MK-101 sont aussi des bloqueurs des NMDA. Par ailleurs, toujours en laboratoire, l'administration d'AINS par voie épidurale ou intra-thécale empêche l'hyperalgésie "centrale" découlant du phénomène de wind-up de se produire, cet effet est dû à l'inhibition des cyclo-oxygénases intra-neuronales et non pas à l'inhibition des NMDA.Les AINS n'ont malheureusement pas cet effet lorsqu'administrés par voie systémique ou encore, si l'effet se produit, il est insuffisant pour entrainer une réduction de ces mécanismes et donc des douleurs qui en découlent.

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