Un exemple clinique de la multi-convergence

De nombreuses situations cliniques pourraient venir illustrer ces changements. L'envahissement du plexus brachial par une néoplasie au sommet pulmonaire ou par des adénopathies axillaires d'une néoplasie du sein servira d'exemple. Ces deux situations cliniques peuvent entraîner des douleurs intenses, de divers types et en divers endroits du membre supérieur.

La mise en situation suivante en offre différents aspects:

  • en certains endroits du membre supérieur atteint, des douleurs peuvent être présentes de façon constante sans provocation quelconque
    • les zones douloureuses de ces douleurs peuvent respecter certains dermatomes, mais rapidement dans l'évolution, les douleurs "déborderont" des limites anatomiques habituelles
       
  • en d'autres endroits, le moindre stimulus externe provoque la survenue de douleurs intenses parfois descriptibles, mais bien souvent indescriptibles
    • les douleurs ainsi déclenchées peuvent demeurer limitées aux régions "géographiquement logiques" où le stimulus a été appliqué mais bien souvent c'est tout l'ensemble du membre supérieur qui subit des secousses douloureuses violentes, encore ici, les douleurs "débordent" des limites anatomiques habituelles.
       

Aucune des situations cliniques ainsi décrites n'est une vue de l'esprit. "L'architecture ordonnée" des ces différentes présentations, en apparence "illogiques", se trouve pourtant bien présente au niveau de la corne postérieure où existe l'équivalent de l'homonculus cortical avec toutes les représentations anatomiques disposées dans une logique parfaite. (Voir: LE TERMINUS PERIPHERIQUE ET LE PREMIER RELAIS CENTRAL: LA CORNE POSTERIEURE ET SA CONSTITUTION EN COUCHES)

Comment comprendre que de telles présentations cliniques puisse se produire?

En fait, la multi-convergence avec ses arrivées simultanées d'influx nociceptifs provenant autant de fibres nociceptives que non-nociceptives offre la base architecturale pour une partie de la compréhension applicable à de telles situations cliniques. L'hyperexcitabilité dispersée sur plusieurs étages, au niveau de la corne postérieure, devient tellement importante que le moindre stimulus provoque alors une dépolarisation massive d'un grand nombre de dendrites centraux nociceptifs, tellement importante même que des douleurs paroxystiques originant des neurones centraux peuvent apparaître au grand déplaisir de la personne qui les ressent. La multi-convergence amène un bombardement massif des neurones centraux, il ne faut pas l'oublier.

Mais il peut finalement arriver que le moindre type de stimulus provoque, de façon stéréotypée, des douleurs souvent indescriptibles dans une toute autre région du membre supérieur que la région stimulée. C'est alors le phénomène d'allodynie qui n'est absolument pas l'équivalent d'une douleur référée.

Et à ce moment, il demeure difficile, avec la seule notion de multi-convergence, de comprendre qu'un stimulus appliqué dans une région donnée du membre supérieur puisse déclencher des douleurs dans d'autres régions du même membre, aussi bien adjacentes qu'éloignées. Cette notion semble insuffisante pour expliquer une telle situation. Les conséquences ou les répercussions de la multi-convergence dans un contexte d'hyperactivité nociceptive y sont pour beaucoup dans la génèse de telles situations cliniques. Mais il y a plus. Une autre partie des explications peut provenir des échanges "éphaptiques".

D'autres conséquences tels des connexions "erronées" entre divers types de fibres sensorielles dans les régions où se déroulent les agressions neuronales fournissent une autre part d'explications. A cet effet, il faut rappeler que les neurones dans un nerf sont organisés en faisceaux. En présence d'agression tumorale (ou autre agression suffisamment sévère), certains neurones "échangent" des influx avec d'autres types de neurones. Il devient alors possible que l'influx produit par un simple effleurement dans une région donnée soit "échangé" avec une fibre nociceptive dans la région où se produit l'agression nerveuse. Cet échange "non-synaptique" entre deux axones s'appelle une communication éphaptique. On peut facilement imaginer que plus l'agression est importante dans une région donnée, plus les phénomènes "éphaptiques" puissent être nombreux et plus l'allodynie devienne incommodante.

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