Atlas de poche de pharmacologie,
Heinz Lüllman, Klaus Mohr, Flammarion
Les opioïdes sont la pierre angulaire de l’analgésie cancéreuse et se présentent sous différentes formes galéniques.
Les opioïdes donnés par la bouche et transitant de l’œsophage au sigmoïde distal seront absorbés et emprunteront une voie veineuse aboutissant dans le foie (veine porte) où ils subiront une transformation métabolique pour être excrétés par les reins ou dans la bile et l’intestin. Une portion seulement de la quantité ingérée passera dans la grande circulation pour y accomplir sa mission analgésique; c’est la forme biodisponible, aussi peu que 30-35 % de la morphine per os.
Les mêmes médicaments donnés par voie transmuqueuse, sublinguale, IV, IM, rectale (souvenez-vous que les veines rectales sont tributaires de la grande circulation et non du système porte), transdermique et transpulmonaire emprunteront d’emblée la grande circulation pour aboutir à l’organe cible et dans un deuxième temps seulement revenir en petite quantité au foie (par l’artère hépatique de petit calibre) pour subir une métabolisation de ce qui reste du médicament. Donc, une plus grande biodisponibilité du médicament pouvant aller jusqu’à 90 % selon la molécule.
L’albumine plasmatique est un autobus qui transporte nos molécules opioïdes; toutefois ce sont les molécules qui ne sont pas montées dans l’autobus qui agiront rapidement sur l’organe cible puisqu’elles sont libres dans la circulation.
Atlas de poche de pharmacologie,
Heinz Lüllman, Klaus Mohr, Flammarion
Les médicaments peuvent s’associer aux protéines plasmatiques présentes dans le sang en grande quantité. La substance médicamenteuse se retrouve alors sous forme libre ou liée aux protéines. Notons ici que seul le médicament libre est pharmacologiquement actif : on perçoit alors toute l’importance de cette étape de distribution dans le devenir du médicament dans l’organisme. Quelles sont les protéines concernées , surtout l’albumine et quelques β-globulines?
Peut-on définir l’importance de la liaison aux protéines? Quelles sont les conséquences de la liaison? La fraction libre peut-elle varier? La quantité de protéines disponibles pour la fixation peut varier en fonction de l’état physiologique et pathologique, chez nos malades à la phase avancée de leur maladie alors qu’on remarque invariablement une hypoalbuminémie, mais aussi du fait de phénomènes de compétition entre les médicaments.
La concentration du médicament est très importante car elle peut saturer les sites de fixation et tout nouvel apport de médicament se fait comme si la fixation était nulle. Dans ce cas la fraction libre est plus importante et donc la fraction potentiellement active est augmentée.
La forme liée agit comme une réserve qui ne traverse pas les membranes. Elle engendre une diminution de l’intensité de l’action, ralentit la dégradation et l’élimination. C’est un phénomène à prendre en compte dans la détermination de la dose.Les principales protéines qui nous intéressent en soins palliatifs, à cause de leur effets sur plusieurs systèmes physiologiques, sont les Albumines et les β-globulines.