La prévention

Certaines modifications des habitudes de vie énumérées au Tableau I peuvent réduire légèrement le risque de cancer du sein, à l’échelle d’une population surtout : avoir un premier enfant plus jeune, allaiter au moins 6 mois chaque enfant, éviter l’obésité, limiter la consommation d’alcool et limiter la durée d’utilisation de l’hormonothérapie combinée de remplacement à la ménopause en tenant compte toutefois des avantages reliés à ce traitement (réduction de l’ostéoporose et du cancer du colon, contrôle des symptômes pénibles reliés à la ménopause). Aucune de ces mesures ne saura réduire de façon importante le risque intrinsèquement élevé de cancer du sein de toutes les femmes, surtout celles en âge avancé.

La chimio-prévention du cancer du sein chez des femmes à risque faible n’est pas recommandée en raison des effets négatifs possibles en regard des bénéfices modestes (Recommandation D) 1. Les modulateurs sélectifs des récepteurs ostrogéniques (SERMs) sont indiqués en prévention uniquement pour les femmes à risque très élevé Tableau I : seul le tamoxifène est approuvé actuellement au Canada, les données étant encore limitées avec le raloxifène. Les effets indésirables des SERMs sont essentiellement les chaleurs, les irrégularités menstruelles et les pertes vaginales anormales. Le tamoxifène augmente le risque thromboembolique (AVC, embolies pulmonaires, thromboses veineuses profondes), surtout chez les femmes de plus de 50 ans, ainsi que le cancer de l’endomètre, ce que ne fait pas le raloxifène.

Pour les femmes à risque très élevé, celles porteuses d’une mutation génétique, le fait de discuter d’une prévention médicamenteuse est une recommandation B. En effet, le tamoxifène semble réduire l’incidence du cancer du sein invasif (avec récepteurs ostrogéniques positifs) de façon proportionnée au risque (risque relatif réduit de 50 % en moyenne). Tout ceci devrait être discuté avec ces patientes, en collaboration avec un spécialiste en génétique, avant de prendre une décision 2. Il en est de même des chirurgies prophylactiques, comme la mastectomie ou l’ovariectomie bilatérale : chez les femmes à risque très élevé, on note une réduction de 80 % du cancer des ovaires et de 50 % du cancer du sein après une salpingo-ovariectomie bilatérale, ainsi qu’une réduction de plus de 90 % du risque de cancer du sein après une mastectomie bilatérale 3.

  • 1. US Preventive Services Task Force : Preventive medication : Breast Cancer - http://www.ahrq.gov/
  • 2. US Preventive Task Force :http://www.ahrq.gov
  • 3. Finch A et al; Salpingo-oophorectomy and the risk of ovarian fallopian tube, and peritoneal cancers in women with a BRCA 1 or BRCa 2 mutation. JAMA 2006; 296 :185
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