6. L'après-décès
L’être cher est parti, c'est la fin de sa vie terrestre. Même en étant très bien préparé à ce grand départ, être témoin d'une vie qui s'achève est toujours traumatisant. Je travaille en soins palliatifs depuis plus de quinze ans et je suis toujours aussi bouleversée à chaque fois que j'assiste au décès d'une personne que j'ai eu le privilège d'accompagner. Alors quoi dire du sentiment ressenti par les proches ?
Le malaise face à la mort est variable d'une personne à l'autre.
Certains sentiront encore la présence de la personne dans la pièce après son dernier souffle et voudront rester près de lui pendant quelques temps pour lui dire encore des choses, lui parler, prier, se recueillir. D'autres trouveront cette présence embarrassante, insupportable même.
Il n'y a pas de bonne ou mauvaise façon de réagir, il y a la façon propre à chacun de nous, c'est tout.
Accompagner un être cher dans ses derniers moments de vie est une expérience unique et bouleversante pour la grande majorité des gens. Les endeuillés pourront être à la fois stupéfiés, traumatisés, effrayés ou encore heureux, paisibles et sereins.
Il importe d'être soi-même et de réagir comme bon nous semble sans se conformer à ce que l'on devrait faire ou ne pas faire. Il faut, selon moi, vivre le moment présent comme il vient et laisser libre cours à nos émotions et à notre cœur.
Les rites suivant le décès font partie du processus du deuil. Certains voudront laver la personne et lui mettre des vêtements propres, d'autres appelleront la famille pour qu'ils viennent le voir une dernière fois, d'autres allumeront des bougies et feront des prières. À chacun ses rites et ses croyances.
Il y a cependant des techniques légales et des procédures à respecter pour garder un cadavre chez-soi :
1. Production d'un certificat de décès
Le certificat de décès est un document attestant légalement la mort d'une personne et doit être signé par un médecin. Dès la connaissance du décès, il faut appeler le médecin pour qu'il effectue le constat légal et signe le certificat de décès, ou alors demander au médecin qui faisait le suivi à domicile de procéder à cette formalité légale. En l'absence ou la non disponibilité d'un médecin, appeler les services d'urgence (911 ou le numéro de téléphone d'urgence de votre région) qui prendront les dispositions pour transporter le corps à l'hôpital le plus près où le constat légal de décès sera effectué.
2. Transport du cadavre
Les résidences funéraires ne sont pas autorisées par la loi à transporter un corps si le certificat de décès n'a pas préalablement été signé par un médecin. Après la visite du médecin et une fois les documents signés, il faut appeler la résidence funéraire choisie pour qu'elle prenne possession du cadavre. Si la personne décédée a été transportée à l'hôpital, elle ira la récupérer à cet endroit. Les arrangements en vue des funérailles (embaumement, incinération, etc.) peuvent être faits le lendemain du décès ou les jours suivants.
3. Délais
Le délai légal pour garder un cadavre chez-soi est de 24 heures au maximum. Ce délai peut être moindre si la personne décédée était atteinte d'une maladie contagieuse (exemple : peste, choléra ou autres).
Il est possible de garder chez-soi un cadavre au-delà du délai légal de 24 heures, à la condition qu'il ait été préalablement embaumé. Les résidences funéraires pourront vous donner l'information légale à ce sujet.
4. Autopsie et disposition du corps
Dans les cas où une autopsie est demandée, c'est le coroner du district judiciaire qui supervise l'opération et qui restitue le corps à la famille une fois l'autopsie complétée. Dans un autre ordre d'idée, si la personne décédée a déjà manifesté le désir de donner son corps à l'avancement de la science, il est souhaitable que cette disposition ait été abordée dans le passé et qu'elle fasse l'objet d'une volonté légale du défunt (par testament). Dans certaines situations où il y a présence de maladies spécifiques, le don du corps ou d'organes à la science après sa mort, ne peut s'effectuer même en dépit du désir exprimé par testament ou oralement.
5. Rituels funéraires
Les rites funéraires sont personnels à chacun et varient selon les croyances religieuses. Ils sont importants et existent depuis le début des temps; de nos jours, on a l'impression que plus ces rites funéraires seront courts, moins on aura de peine. C'est faux!
Il faut du temps et il faut prendre le temps de vivre son deuil. Ces rites nous permettent de vivre ce deuil et de se supporter mutuellement dans la souffrance. Ils permettent aussi aux familles endeuillées de prendre conscience de la réalité de la mort et de faire leurs adieux, de rendre hommage au défunt une dernière fois ou encore de partager des souvenirs heureux ou malheureux, etc.
Ils font aussi partie du processus pour guérir tranquillement, de fermer la boucle... ceci afin que la vie continue pour ceux qui restent.
Les rites funéraires ne sont pas obligatoires. Leurs formes sont variables et propres à la religion ou la pratique religieuse de chacun. Ils sont utiles et je dirai même importants pour accepter le départ d'un être cher et lui témoigner respect et amour une dernière fois.
Suite au décès, commence le travail de ceux qui restent, il s'agit désormais d'apprivoiser le départ : c'est l'étape du deuil.
Le fait d'avoir accompagné une personne dans ses derniers moments de vie, d'avoir longtemps été à ses côtés et d'avoir cheminé ensemble constitue une succession de petits deuils. La personne nous a fait accepter son départ, tranquillement, étape par étape. Nous avons fait le deuil de la personne en santé, vive, autonome et lucide.
Nous l'avons vu s'affaiblir, perdre son autonomie, peut-être même souffrir. Le décès apparaît donc parfois comme une délivrance et nous acceptons son départ car désormais, notre être cher ne souffrira plus. Le deuil, même s'il a commencé avec les étapes successives d'avant-décès, est quand même une étape nécessaire à traverser car il reste à apprendre de continuer à vivre après le départ. La personne n'est plus et elle nous manque... l'absence est cruelle...
Certaines personnes qui s'étaient pourtant moralement bien préparées au départ de leur proche, ont par après beaucoup de difficultés à l'accepter. C'est normal! Il faut du temps!
Généralement, un deuil normal dure d'un à deux ans. Cela ne veut pas dire que la personne ne nous manque plus après ce temps, mais nous avons retrouvé une certaine joie de vivre, découvert des intérêts nouveaux.
Je compare souvent le deuil à une brûlure : au début c'est vraiment insupportable et petit à petit, la plaie se cicatrise. Certains jours la douleur est encore vive mais il y en a d'autres où on y pense moins. Par contre, on n'oublie jamais la brûlure, on en garde le souvenir toute notre vie.
Ceux qui sont partis restent avec nous dans notre cœur et notre tête, ils ne sont pas vraiment partis, ils vivent toujours un peu là où nous sommes...