4. Les soins pour maintenir le confort en fin de vie

Un des objectifs en soins palliatifs est de maintenir une qualité de vie et il faut donc s'assurer que le patient soit le plus confortable possible. Des mesures pour assurer ce  confort seront nécessaires et indispensables à mesure que le malade ne pourra lui-même subvenir à ses besoins. Il est important de convenir d'avance avec le malade quels soins il souhaite faire lui-même et ceux où il accepte d'être aidé. Ceci dans le but de le respecter et ne pas lui imposer quoi que ce soit. Par contre, si l'état de faiblesse est trop grand, il faudra intervenir.

  1. Les soins d'hygiène

    La personne malade s'est occupée elle-même de son hygiène personnelle pendant presque toute sa vie et le seul fait d'accepter l'idée d'être aidée à cette fin peut représenter pour elle une épreuve très difficile. Il est important de bien comprendre la situation et surtout d'être à l'écoute de son besoin d'intimité et de dignité. Certains accepteront d'être aidés par une seule et unique personne en qui ils ont confiance, d'autres au contraire, préfèreront que ces soins soient donnés par du personnel affecté à cette tâche et refusent l'aide de la famille.

    Dans la plupart des cas, la personne n'aura généralement pas besoin d'un bain tous les jours, mais une hygiène du visage, des mains et des parties intimes sera recommandée quotidiennement.

    LE BAIN OU LA DOUCHE

    Prévoir la séance du bain lorsque la personne est moins souffrante, une heure après sa médication par exemple, ou mieux encore, lui demander à quel moment de la journée elle se sent généralement plus en forme.

    Si la personne n'est pas trop affaiblie, elle pourra prendre un bain ou une douche. L'équipement sécuritaire adapté (barre d'appui, banc de bain) pourrait être recommandé par un ergothérapeute ou par l'infirmière qui visite à domicile. Dans tous les cas, superviser cette activité notamment si la personne est faible et lui offrir de l'aide pour entrer ou sortir du bain, lui laver le dos, etc.

    S'assurer d'avoir tout le nécessaire (serviettes, savon) à portée de main pour ne pas avoir à quitter la personne ne serait-ce qu'un instant. Réchauffer la pièce avant le bain car les personnes malades sont très souvent frileuses avant même de prendre le bain.

    Bien assécher la peau après le bain et appliquer une crème hydratante pour garder la peau souple et la protéger.

    La personne peut aussi faire sa toilette au lavabo, en étant assise sur une chaise si elle se fatigue vite, et l'aider dans cette tâche au besoin.

    Si la personne est trop affaiblie, il faudrait procéder à un bain-éponge partiel ou complet au lit (visage, mains et parties génitales) à tous les jours.

    Utiliser une bassine ou une grande cuvette pour l'eau chaude. Encore une fois, voir à ce que la pièce soit chaude avant. Commencer la toilette par le haut du corps et la terminer par le bas.

    Laver une partie du corps à la fois en séchant bien avant de passer à une autre partie. Il est important de couvrir le corps d'une grande serviette chaude et sèche pendant le bain pour éviter que la personne n'ait trop froid et ne découvrir que la partie à laver au fur et à mesure.

    Tourner la personne sur le côté pour lui laver le dos et les fesses; changer l'eau et la débarbouillette pour les parties génitales.

    En tout temps, procéder doucement car la personne peut être souffrante et sensible. Après le bain et si la personne en exprime le désir, une crème hydratante, un désodorisant ou une lotion parfumée peuvent être appliqués.

    Après le bain, la vêtir avec des vêtements propres et changer les draps du lit.

    Pour les hommes, il faudra procéder au rasage de la barbe. À cet effet, un rasoir électrique sera préféré à la lame de rasoir, surtout si le rasage est fait par une personne autre que le malade lui-même.

    LES CULOTTES D'INCONTINENCE

    Si la personne ne contrôle plus ses urines et/ou ses selles, elle devra porter une culotte d'incontinence. Celle-ci devra être vérifiée régulièrement et lorsque souillée, on procédera sans tarder aux changements de culottes.

    À chaque changement de culotte d'incontinence, bien laver et assécher la peau. S'il y a présence d'irritation ou d'érythème fessier, des crèmes protectrices devraient être appliquées. Dans tous les cas, si une rougeur ou un symptôme similaire apparaissait, le signaler à l'infirmière qui visite à domicile.

  2. Les soins de la peau

    Il faudra prendre grand soin de la peau car elle est la première affectée par les irritations et les blessures qui rendent le malade inconfortable et menacent sa santé. La personne risquerait de développer des plaies de lits ou des escarres si elle est alitée très souvent ou trop longtemps, incapable de se mouvoir seule au lit, assise de longues heures au même endroit ou si elle est très amaigrie.

    Les escarres sont des plaies de pression, i.e. que la circulation sanguine ne se fait plus correctement car la peau est soumise à une pression par contact constant sur une surface dure. Elle commence alors par rougir (premier signe de pression) et si la condition générale de la personne est faible (mauvaise alimentation, déshydratation) et que la circulation se fait difficilement, la peau se dégrade et meurt provoquant ainsi l'apparition des plaies. La prévention est encore ici la meilleure solution.

    LES POINTS D'APPUIS

    Les points d'appuis

    Premièrement, une bonne hygiène du corps et une bonne hydratation (crème) aideront à entretenir la peau mais si l'état général se dégrade, ce ne sera pas suffisant. S'il y a apparition de rougeurs aux points d'appuis du corps (coccyx, talons, coudes, hanches etc.), masser doucement la zone affectée avec une crème hydratante pour activer la circulation. Ne pas replacer la personne sur ce même point de pression. Il faut la changer de côté ou la placer sur le dos.

    Si la personne bouge avec difficulté, veiller à la changer de position régulièrement (à toutes les 2 heures) et la frictionner avec une crème, surtout sur les points d'appui. Répéter l'opération à chaque changement de position, toujours en vérifiant soigneusement l'état de la peau. Si la personne est très souffrante ou mourante, limiter les changements de positions aux 4 à 6 heures seulement.

    Si une rougeur persiste, il faudra protéger la peau par des pansements protecteurs. L'infirmière à domicile connaît bien la technique et elle pourrait fort bien montrer à l'aidant comment s'y prendre. Si des plaies de lit apparaissent, l'infirmière fera des pansements plus complexes (plus souffrants pour la personne), d'où la nécessité de prendre bien soin de la peau et de faire une rotation des points de pression en changeant souvent les positions (dans certains cas, les plaies apparaîtront quand même).

    On suggère des matelas protecteurs (pneumatiques ou en mousse coquille d'œuf) pour prévenir et réduire les points de pression. S'assurer que les draps sont bien tendus, sans plis ni présence de miettes de nourriture.

    On pourra aussi utiliser des oreillers pour plus de confort, en les plaçant entre les jambes si en position de côté (pour diminuer la pression genou contre genou), ou sous les talons si en position dorsale (pour diminuer la pression talon-lit).

    LES POINTS D'APPUIS

    La peau s'irritera davantage si les urines et les selles sont en contact avec elle trop longtemps. Il sera important de vérifier souvent, surtout si la personne est incontinente, que sa culotte soit bien propre et de la changer dès qu'il y a souillure (bien nettoyer et assécher).

    S'assurer que les draps soient propres et secs, particulièrement si la personne transpire beaucoup ou est fiévreuse.

  3. Les soins de la bouche

    La personne affaiblie ne pourra plus faire elle-même ses soins d'hygiène buccale, il faudra y veiller pour elle. En raison de la faiblesse du système immunitaire, des effets secondaires des médicaments ou de la déshydratation, des problèmes buccaux peuvent survenir : ceux-ci sont très inconfortables et souffrants pour la personne et entraînent souvent une diminution du désir de s'alimenter.

    Encourager la personne à se brosser les dents une à deux fois par jour et si elle ne peut ni ne veut le faire, lui suggérer de se rincer la bouche avec un rince-bouche antibactérien plusieurs fois par jour.

    Si elle est trop faible, l'aidant devra procéder au brossage des dents, tout en douceur, en s'assurant au départ que la personne sera capable de recracher les liquides pour éviter l'étouffement.

    Si la personne porte des prothèses dentaires, lui demander de les retirer pour les nettoyer. Il n'est pas nécessaire de les remettre en bouche tout de suite. Si la personne est trop faible, il incombera à l'aidant de les enlever lui-même et de les nettoyer au moins une fois par jour.

    Vérifier à chaque fois l'état de la bouche et des muqueuses et signaler toutes anomalies (rougeurs, dépôts blanchâtres) à l'infirmière. Selon le problème observé, le médecin prescrira des rince-bouches particuliers ou des médicaments pour traiter le problème en question.

    Un baume hydratant devrait être appliqué sur les lèvres aussi souvent que nécessaire, particulièrement si les lèvres sont très sèches.

    Si la personne a vomi, rincer sa bouche immédiatement et veiller à ce qu'elle n'avale rien. Pendant les trente minutes qui suivront, aucune nourriture ou liquide ne devront être donnés à la personne.

    Si la personne est inconsciente ou incapable d'avaler, la bouche restera ouverte très souvent et deviendra donc très sèche. Pour éviter toute déshydratation et prévenir la sensation de la soif, procéder régulièrement aux soins de bouche. Dans le choix d'un rince-bouche, veiller à ce que celui-ci en soit un sans alcool ou encore, en faire un soi-même à la maison.

    La recette d'un rince-bouche fait à la maison est très simple :

    • une tasse d'eau (250 g);

    • 1/2 c. à thé (5 ml) de bicarbonate de sodium;

    • une pincée de sel.

    On utilisera des tampons-éponges spécialement conçus pour les soins de la bouche qu'on humectera avec de l'eau ou un rince-bouche. Ensuite frotter délicatement les dents, la langue, l'intérieur des joues et les gencives. Si la personne mord le bâtonnet, ne pas le lui retirer par la force; attendre plutôt qu'elle ouvre la bouche à nouveau. Item important : même si elle donne l'impression de ne pas entendre ce que l'aidant lui dit, toujours la prévenir d'avance du geste qui sera posé.

    Évitez les bâtonnets de glycérine-citron déjà préparés, ils peuvent assécher et irriter davantage.

    Si la personne est mourante, faire les soins de bouche régulièrement aux deux heures; ils pourraient être faits en même temps que les changements de positions, par exemple.

  4. Le soin des yeux

    Les yeux sont fragiles et sensibles aux infections, notamment si le système immunitaire est faible ou si la personne garde les yeux mi-ouverts en permanence parce qu'elle est trop affaiblie.

    Porter une attention particulière aux yeux lors du bain, utiliser un coin de débarbouillette propre et essuyer doucement du nez vers l'extérieur et changer de coin de débarbouillette pour l'autre œil pour éviter toute contamination.

    Si les yeux sont collés par des sécrétions, appliquer des compresses tièdes sur les yeux quelques minutes avant de procéder au nettoyage et frotter très doucement (très souffrant pour la personne) pour retirer les sécrétions collées.

    Si la personne dort les yeux mi-ouverts, ils s'assècheront rapidement. Mettre des gouttes de larmes artificielles régulièrement dans les yeux à toutes les deux heures.

    S'il y a signe d'infection oculaire, aviser l'infirmière le plus tôt possible et le médecin prescrira des gouttes antibiotiques pour les yeux, afin de traiter tout début d'infection.

    L'aidant sera en mesure de bien soulager plusieurs inconforts du malade une fois qu'il connaît les soins de base cités dans ce chapitre.

    Encore une fois, ne jamais hésiter à demander l'aide de l'équipe de soutien à domicile pour se faire expliquer certains soins ou simplement pour avoir des réponses à toutes vos interrogations. Toujours avoir en tête qu'il y va du confort du malade.