(généralement d'un à trois mois avant le décès)
LES CHANGEMENTS PHYSIQUES
La faiblesse :
Tranquillement la faiblesse gagne du terrain, il y a certes de bonnes journées, mais la faiblesse progressive entraîne avec elle des périodes où le malade a moins d'énergie et conséquemment, ses activités quotidiennes sont réduites. C'est le symptôme qui incommode le plus les malades. Même si les autres symptômes sont bien contrôlés (ex.: douleurs, nausées), la personne souhaiterait avoir un peu plus d'énergie pour pouvoir profiter des derniers bons moments de sa vie, mais le corps refuse de suivre.
Le malade dormira plus souvent et aura du mal à rester éveillé lors d'une activité calme, comme en écoutant une émission à la télévision.
On remarque souvent un inversement du cycle du sommeil, c'est-à-dire que le malade se reposera souvent le jour et aura tendance à rester éveillé la nuit et semblera peut-être plus anxieux (ex.: demander à boire, à se lever, se rendre plusieurs fois à la salle de bains).
Le manque d'appétit :
On observe aussi une diminution de l'appétit. Dans le processus normal de la faiblesse du corps humain qui progresse vers la fin de vie et avec la diminution des activités physiques, il est tout à fait normal de cesser de s'alimenter. De plus, si on force la personne à manger, son système étant trop faible pour digérer, cela pourrait provoquer des nausées et même des vomissements.
Il faut alors mettre en place un nouveau régime alimentaire et laisser la personne malade être le guide : lui laisser le choix de ses aliments préférés. Le goût change aussi : plus rien ne goûte comme avant. Les viandes rouges (steak, foie) et les viandes blanches (poulet) sont généralement les premières à être boudées par le malade.
Les aliments difficiles à digérer seront bannis ainsi que les aliments sucrés ou salés qui, au goût du malade, deviennent trop sucrés ou trop salés. Les aliments mous ou en purée sont plus recommandables (compote de pommes, yogourt, crème glacée, potage aux légumes). À la place d'un ou deux copieux repas par jour, favoriser plutôt plusieurs collations (petites quantités de nourriture données plus souvent). Encourager la personne malade à prendre des suppléments alimentaires liquides comme Boots MD, Ensure MD.
Il ne faut pas s'étonner que le malade ait subitement une envie folle d'un mets en particulier : il le mangera avec grand appétit et le plus souvent, la digestion se fera sans problèmes. Petit à petit, la faim et l'appétit diminueront au point où le malade cessera de s'alimenter. À partir de ce moment, il faudra veiller à ce que la personne s'hydrate bien et lui offrir des liquides qu'elle aime (eau, thé, jus).
Pour la famille et les proches, c'est là un signe difficilement acceptable : on croit la personne dépressive et on croit aussi à tort qu'elle ne veut plus se battre, donc ne plus manger. En fait, elle n'a pas faim. Son corps le lui dit et il se prépare à mourir tranquillement. Cette réalité effraie les proches car si «se nourrir» est associé à la vie, ne plus manger signifie la mort.
Si la perte d'appétit survient alors que l'état général du malade est encore assez bon ou qu'elle soit un effet secondaire à des traitements, le médecin pourra prescrire, dans certains cas, des médicaments qui pourront stimuler l'appétit.
LES CHANGEMENTS PSYCHOLOGIQUES
Le détachement :
Nous avons parlé de la faiblesse qui est de plus en plus présente à mesure que la fin de vie approche. La personne prendra alors conscience aussi de sa mort prochaine et commencera tranquillement à s'isoler, à se replier sur elle-même, à communiquer verbalement de moins en moins.
Il s'agit du détachement. Il y aura une perte d'intérêt progressif envers les proches (ex. : le malade pourra refuser certaines visites ou désirera aller se coucher alors que des visiteurs sont encore là). Il s'intéressera de moins en moins à l'actualité et aux conversations. Le malade dormira plus souvent ou se reposera les yeux fermés, en demi-éveil. Pendant ces moments d'isolement, il met de l'ordre dans ses idées et dans sa vie tout en se préparant tranquillement à sa mort, tel que souligné précédemment. Il a besoin de cette solitude pour donner un sens à sa vie et par la suite, à sa mort. Même s'il ne communique pas le fruit de ses réflexions, un travail important s'accomplit en lui.
Pour les proches ou la famille, il est très difficile de voir l'être cher s'isoler de plus en plus tout en subissant parfois le rejet ou l'agressivité de la personne lors d'une tentative de forcer le dialogue. Il faut comprendre ce besoin de solitude et de détachement. Personne ne peut le faire à sa place ou avec lui, il est seul avec lui-même pour ce bout de chemin. L'aidant et les proches ne devront pas l'interpréter comme un rejet ; ils devront respecter ce silence et «être là» tout simplement. S'il désire parler : l'écouter. Il n'y a rien d'autre à faire que d'assurer une présence aimante et rassurante.