Les autres risques de complications possibles

Il serait trop long de décrire tous les risques de complications possibles en fin de vie. Il y a d'abord le risque relié à la maladie en elle-même (cancer de poumons, du côlon ou autres) et les problèmes qui pourraient survenir. À ce titre, les gens qui ont par exemple un cancer au côlon, n'auront pas tous des complications et le cas échéant, ces complications ne seront pas nécessairement les mêmes d'une personne à l'autre. Il est important pour l'aidant d'avoir une explication avec le médecin ou l'infirmière en soins palliatifs. Ces personnes sont les mieux désignées à renseigner sur les complications possibles reliées à la maladie dont souffre le malade et leurs explications aideront à mieux se préparer.

Vaut mieux prévenir que guérir! Il faut cependant être conscient qu'une complication peut aussi survenir alors que rien ne le laissait présager, d'où l'importance pour l'aidant et le malade de compter une équipe spécialisée en soins palliatifs pouvant répondre en tout temps. Certains problèmes surviennent fréquemment :

LA CONSTIPATION

La constipation se définit comme une réduction de la fréquence d'élimination des selles à moins de deux fois par semaines et à l'aspect de celles-ci (dures et difficiles à évacuer).

En fin de vie, toutes les conditions sont réunies pour que le malade soit constipé car :

  • il mange et s'hydrate de moins en moins;

  • il peut prendre des médicaments antidouleurs ou autres qui provoquent la constipation comme effet secondaire parmi d'autres;

  • il fait de moins en moins d'activité physique, laquelle favorise le transit intestinal.

Il deviendra alors très important de surveiller de près le transit intestinal (les selles). Il faudra en noter la fréquence et l'aspect (le malade va à la selle tous les jours ou pas? Les selles sont-elles normales ou dures?).

La référence sera, vu les conditions citées plus haut, d'une selle normale à tous les deux à trois jours sinon le patient devra prendre des laxatifs pour favoriser le transit intestinal.

La prise des laxatifs sera ajustée en fonction des résultats obtenus, et le choix du laxatif est personnel à chacun. Il ne faut pas que les laxatifs donnent trop de crampes intestinales ou des selles trop liquides mais plutôt des selles normales ou molles à tous les deux à trois jours.

Les actes à poser :

Si le malade mange encore :

  • éviter les fibres sèches. Favoriser les fruits (surtout les pruneaux) ou les légumes;

  • boire beaucoup de liquide (eau);

  • augmenter si possible les mobilisations;

  • tenir un calendrier des selles (jour, aspect, fréquence);

  • prendre des laxatifs tels que prescrits;

  • appeler l'infirmière ou le médecin si plus de 4 à 5 jours sans selles.

Si le malade est mourant (ne boit plus et ne mange plus) :

  • on cesse généralement les laxatifs, les suppositoires et les lavements, on agira uniquement pour le confort du patient.

Il existe une panoplie impressionnante de laxatifs sur le marché. À titre indicatif seulement, voici ceux qui sont les plus souvent prescrits en soins palliatifs :

  • les émollients (rendent les selles molles). Par exemple : le docusate de sodium (Colace MD ou Surfak MD);

  • les hyperosmolaires (qui appellent l'eau dans les intestins). Par exemple : Lactulose MD, Sorbitol MD ou Lait de Magnésie MD;

  • les laxatifs stimulants (qui augmentent le péristaltisme de l'intestin). Par exemple : Glycoside de Senné (Senokot MD) ou le bisacodyl (Dulcolax MD).

S'il y a présence de selles dans l'ampoule rectale et que le malade n'est pas assez fort pour les évacuer, les suppositoires de laxatifs (Glycérine MD) ou (Dulcolax MD) pourront alors être utilisés. Un lavement évacuateur au phosphate de sodium (Fleet MD) pourrait être prescrit par le médecin.

Si le problème de constipation n'est pas bien traité ou qu'une tumeur bloque les intestins, d'autres complications peuvent suivre : le fécalome (amas de selles très dures qui ne veulent pas sortir) ou une occlusion (blocage de selles dans l'intestin). Comme il s'agit de complications plus sévères, une visite du médecin est requise pour entreprendre des traitements différents et plus complexes.

Règle à se rappeler : Ne jamais négliger un problème de constipation. Si plus de 4 à 5 jours sans selles, le faire savoir sans tarder au médecin ou à l'infirmière.

LES NAUSÉES ET VOMISSEMENTS

Au début de la prise d'opioïdes ou lors d'augmentation rapide de ces médicaments ou pour toutes autres raisons (estomac vide, maux de tête, tumeurs cérébrales, constipation, stress, et autres), il peut arriver que le malade souffre de nausées et de vomissements. Si cela est occasionnel et n'incommode pas le malade outre mesure :

  • cesser les aliments pendant au moins une heure et réintroduire tranquillement en petites quantités les liquides sucrés ou salés, Jus coupé d'eau, bouillon). Selon la tolérance observée, recommencer l'alimentation par de plus petites quantités mais plus souvent;

  • créer un environnement calme, sans stress, ainsi qu'un air ambiant exempt d'odeurs fortes;

  • inciter au repos;

  • si le malade est anxieux, le rassurer et trouver la cause de son anxiété;

  • procéder à une bonne hygiène buccale si la personne a vomi et bien aérer la pièce.

Si les nausées durent des heures et incommodent le malade, ou si les vomissements sont fréquents, le médecin prescrira alors des médicaments antinauséeux (il en existe beaucoup). Le choix du médicament dépendra de la cause de ces nausées et vomissements. Il faut d'abord savoir ce qui provoque ces nausées. Si la cause est la constipation, nous agirons sur la constipation et les nausées disparaitront, mais s'il s'agit du médicament antidouleur et que celui-ci est efficace, le médecin n'arrêtera pas l'analgésique mais tentera plutôt de contrôler les nausées par des médicaments.

À titre indicatif seulement, voici une brève liste de médicaments pouvant être prescrits, selon la cause observée :

Si les nausées ou vomisssements sont reliés à la médication :

  • Halopéridol (Haldol MD) à de faibles doses ;

  • Prochlorperazine (Stémétil MD) ;

  • Métoclopramide (Maxéran MD, Réglan MD).

Si les nausées ou vomissements sont reliés à une mauvaise digestion :

  • Métoclopramide (Maxéran MD, Motilium MD).

Si les nausées ou vomissements sont reliés aux déplacements ou à des étourdissements :

  • Dimenhydrinate (Gravol MD) ;

  • Dexaméthasone (Décadron MD).

Si les nausées ou vomissements persistent malgré la médication, le médecin essayera un autre médicament antinauséeux ou changera le médicament antidouleur qui cause les nausées récalcitrantes. Il est parfois pire pour certains malades d'être nauséeux que d'avoir de la douleur ; il faut alors agir pour enrayer ces nausées, car il y va encore une fois de la qualité de vie du malade.

LA FIÈVRE

Une température normale du corps se situe aux environs de 37° Celcius (98,5° Fahrenheit). On parle de fièvre lorsque la température du corps s'élève au-dessus de 38,5°C (100°F).

La fièvre est une réaction normale de l'organisme qui combat une infection. Donc lors d'une fièvre, il faut d'abord en trouver la cause (infection virale comme la grippe, infection urinaire, certaines tumeurs pouvant occasionner de la fièvre et autres causes). Lors d'une infection, la prise d'un antibiotique approprié règlera souvent le problème.

Les médicaments antipyrétiques (Tylénol MD ou Atasol MD) aideront à diminuer la température corporelle pour plus de confort mais ne traiteront pas l'infection.

En fin de vie et surtout dans les dernières heures, il se peut que la température corporelle varie beaucoup (chaud ou froid) et si le malade n'avale plus, les antibiotiques ou l'acétaminophène (Tylénol MD) ne seront pas administrés car ils seront bien souvent inefficaces parce que trop tard.

Des mesures de confort seront alors appliquées et elles seront utiles pour tous ceux qui sont fiévreux :

  • prendre la température à l'aide d'un thermomètre si le malade n'est pas mourant et administrer les médicaments pour réduire la fièvre ou les antibiotiques tels que prescrits;

  • augmenter l'apport de liquide si la personne boit encore;

  • découvrir le plus possible la personne fiévreuse et lui laisser un simple drap si besoin;

  • s'assurer que la pièce n'est pas surchauffée et utiliser un ventilateur pour faire circuler l'air, ce qui donnera une sensation de fraîcheur sur la peau;

  • une serviette mouillée ou fraîche pourra être appliquée sur le front ou au cou de la personne;

  • si celle-ci transpire beaucoup, il faudra veiller à ce qu'elle soit au sec, donc il faudra changer ses vêtements et ses draps s'ils sont humides.

L'INSOMNIE

Une personne malade qui ne dort pas la nuit à domicile, c'est aussi une famille ou un aidant qui ne dort pas non plus. L'aidant ne dormira pas plus le jour car il a de nombreuses tâches à accomplir et il doit veiller sur le malade, surtout s'il est seul à la tâche.

Certains malades sont même incapables de faire une sieste en journée. Il est très important de régler ces problèmes d'insomnie chez le malade car plus il sera reposé et éveillé le jour, meilleure sera la qualité de vie de chacun.

Il est important aussi d'essayer de trouver ce qui provoque l'insomnie : ce pourrait être une toux, la peur de mourir, la douleur, les préoccupations d'ordre spirituel ou financier et autres.

Il faudra aviser l'équipe de soutien à domicile ou le médecin pour tout problème d'insomnie du malade. Selon ce qui cause l'insomnie, le médecin pourra recommander de traiter soit la douleur ou la toux, ou encore, il prescrira une médication comme des relaxants (ou des somnifères) pour favoriser le sommeil.

Il est très rare que le problème d'insomnie ne puisse être traité efficacement. Des mesures pour favoriser le sommeil peuvent aussi être prises comme :

  • avoir un environnement calme et paisible autour du malade avant l'heure du coucher. Par exemple : ne plus permettre de visiteurs après 20 h, écouter de la musique douce en soirée, etc.);

  • les techniques de relaxation et de détentes citées précédemment peuvent être un moyen de favoriser le sommeil;

  • éviter les aliments excitants, surtout en soirée, comme le chocolat, le café, le thé ou les colas;

  • prendre une tisane relaxante ou du lait chaud avant le coucher;

  • aider le malade à s'exprimer sur ce qui l'angoisse ou lui fait peur et le rassurer si cela est possible. Le fait d'en parler diminue parfois la peur ou le stress;

  • s'assurer qu'il soit confortable, qu'il ait à portée de main ce dont il aurait besoin (verre d'eau, médicaments). Une veilleuse dans la chambre est rassurante, une musique douce aidera à relaxer.

En conclusion, il est possible que d'autres problèmes imprévus apparaissent. L'aidant doit réaliser qu'il est impossible de tout prévoir.

Pour l'aidant ce qui sera le plus rassurant, c'est de savoir que quoi qu'il arrive, il sait qui rejoindre pour l'aider et le sécuriser. C'est pourquoi, s'il existe une équipe de soutien en soins palliatifs à domicile dans votre localité et qu'elle soit disponible en tout temps, celle-ci pourra être très utile en épargnant l'aidant et le malade de bien des petits tracas et complications.

Il est très rare que tous les problèmes surviennent le jour entre 9 h et 17 h. Pour accompagner un proche en fin de vie à domicile, il est utopique de penser le garder à la maison tout en lui maintenant une belle qualité de vie s'il n'y a pas d'équipes spécialisées en soins palliatifs pour supporter l’aidant en tout temps.

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