La phase terminale ou processus du mourir

(généralement d'une à trois semaines avant la mort)

LES CHANGEMENTS PHYSIQUES

Plusieurs changements physiques commencent à se manifester à ce stade. Progressivement, le corps démontre des signes de  faiblesse générale.

Le corps :

La perte de poids est de plus en plus évidente et les personnes qui n'auraient pas vu le malade depuis quelques jours le trouveront extrêmement changé et amaigri. Les yeux se creusent, les pommettes des joues sont saillantes et s'il y avait présence d'œdèmes (enflure ou rétention d'eau dans les tissus) sur certaines parties du corps, ceux-ci ont tendance à diminuer, voire même disparaître.

La peau qui est sèche, change parfois aussi de couleur. Elle peut devenir cyanosée (i.e. bleutée) par endroits ou par périodes (ex. : le malade a les lèvres bleues lorsqu'il fait un effort physique comme se rendre du fauteuil au lit). Les ongles des doigts et des orteils  peuvent prendre une couleur bleuâtre et le visage devient parfois cireux ou grisâtre.

La température corporelle change aussi, elle peut varier de l'hyperthermie (ou fièvre) à l'hypothermie (peau froide et moite). La personne peut transpirer plus souvent. La circulation sanguine ne se fait plus correctement du fait de la faiblesse du cœur, on peut donc remarquer parfois que le malade a le front chaud et les mains froides et moites. La vue, l'odorat, et le goût ont tendance à s'amenuiser, contrairement à l'ouïe qui est le dernier sens à s'éteindre. Même si le malade est très faible, semble dormir et ne parle plus, il pourrait encore entendre. Ne pas hésiter à lui parler et à le rassurer.

La faiblesse :

Les muscles sont de plus en plus faibles et la personne se déplacera de moins en moins. Le risque de chutes est très élevé car les jambes ne sont plus assez fortes pour soutenir le corps. Plus tard, même la position assise sera difficile à maintenir, entraînant ainsi le malade à rester alité presque jour et nuit. La faiblesse augmentera progressivement : le simple fait de vouloir se tourner ou changer de position dans le lit nécessitera de l'aide car le malade sera incapable de le faire seul.

Le malade dormira très souvent et sera parfois difficile à réveiller. Dans les derniers jours, il pourrait sombrer dans un sommeil très profond (état semi-comateux). 

La faiblesse musculaire étant de plus en plus présente, pendant un sommeil profond la personne garde les paupières entrouvertes ou même complètement ouvertes. Même chose pour la mâchoire qui sera tombante car lorsque le muscle de la mâchoire est faible ou très détendu, la mâchoire reste en position ouverte.

Le système digestif :

La personne ne se nourrit pratiquement plus et refusera même les liquides par peur d'étouffement. Les muscles responsables de la déglutition sont aussi trop faibles et il devient alors risqué de forcer l'alimentation ou l'hydratation orale en raison de ce risque d'étouffement. La prise des médicaments par la bouche posera donc un problème. Il faudra alors trouver d'autres méthodes pour la médication (par exemple : injections par papillon sous-cutanées, suppositoires, timbres transdermiques, pompe à morphine et autres alternatives). Dans tous les cas où le malade ne peut plus avaler sa médication, l'équipe de soins palliatifs ou le médecin devront être prévenu.

Il faudra aussi faire des soins de bouche régulièrement pour la garder humide et fraiche, évitant ainsi la sensation de soif (voir Les soins pour maintenir le confort en fin de vie). L'estomac sera souvent plus acide provoquant ainsi des nausées et des vomissements.

Les intestins fonctionneront moins souvent et des diarrhées peuvent se manifester. La personne pourra devenir incontinente (i.e. qu'elle ne peut plus contrôler ses selles et/ou ses urines). À ce stade, il faudra prévoir l'usage de culottes d'incontinence.

Le système urinaire :

Graduellement, au fur et à mesure que la personne diminuera son alimentation et son hydratation, les urines deviendront plus rares mais surtout plus foncées (ou concentrées), ce qui est normal. Les urines prendront une couleur jaune foncée, orangée ou même rougeâtre parfois. Le malade pourra devenir incontinent de ses urines vers la fin de sa vie. Les reins seront affectés vers la fin de processus car ils sont des organes vitaux pour le corps humain. Généralement, on peut dire que si la personne n'urine plus du tout et que les urines ne sont pas bloquées dans la vessie (ce qui peut arriver fréquemment en fin de vie formation d'un globe vésical par rétention des urines dans la vessie) pendant plus de 24 heures, alors la mort est imminente.

Le système respiratoire :

La respiration changera également. La personne pourrait devenir dyspnéique (essoufflée) au moindre effort. À quelques minutes de la mort, le rythme des respirations pourrait être soit plus rapide, (la normale étant de 16/20 respirations par minute), en augmentant jusqu'à 45/50 respirations par minute, ou soit au contraire en diminuant jusqu'à 10/8 respirations par minute.

Le malade en sommeil profond pourrait aussi faire des pauses respiratoires (apnées) de quelques secondes (parfois même de 10 à 15 secondes) et par la suite, prendre une profonde inspiration et revenir à une respiration plus ou moins normale et ainsi de suite. Ces respirations deviendront de plus en plus irrégulières et laborieuses (respirations de Cheyne-Stokes). En fin de vie, ce processus est normal, naturel et sans douleur.

La personne n'aura plus la force de tousser et d'expectorer de façon normale; progressivement, ses poumons s'encombreront de sécrétions bronchiques. Une congestion dans les poumons accompagnée de râles de la gorge peuvent alors survenir. Tous ces différents symptômes respiratoires, y compris les râles, peuvent être présents en totalité ou en partie à un moment donné, disparaîtront un instant pour réapparaître plus tard et/ou persister jusqu'à l'arrêt total de la respiration, soit le décès.

Le système cardiaque :

Le cœur étant «l'organe-roi» du corps humain, il se battra jusqu'à la fin pour prolonger la survie du corps car lorsqu'il s'arrêtera, ce sera le signe final que la vie a quitté le corps.

En présence d'une grande faiblesse de tout le corps humain, incluant celle du coeur, celui-ci privilégiera certains organes en oxygène et en délaissera d'autres pour se faciliter la tâche et «garder» les plus importants. C'est pourquoi la circulation superficielle (i.e. celle qui conduit le sang à la peau) sera coupée dès que le cœur commencera à manquer d'oxygène (ce qui explique la couleur cyanosée ou bleutée de la peau).

La tension artérielle diminuera de plus en plus, alors que le pouls artériel aura, quant à lui, tendance à augmenter.

La tension normale (moyenne variant selon l'âge) se situe au environ 120/80.

Le pouls se situe à environ de 80 battements par minutes, dans des conditions normales.

Donc, chez la personne en fin de vie, en particulier dans les dernières semaines, la tension artérielle pourrait se situer aux environs de 90/60  et le pouls à 112 battements/minute 1.

LES CHANGEMENTS PSYCHOLOGIQUES

La désorientation :

La personne s'affaiblissant de plus en plus, elle est donc de moins en moins éveillée et dort presque constamment. Lorsqu'on la stimule, elle reste éveillée pendant d'assez courtes périodes et souhaite généralement retourner au lit après un très court laps de temps.

Elle est pratiquement entre deux mondes, entre le rêve et la réalité. Lorsqu'elle semble éveillée, elle peut tenir parfois des propos qui paraîtront confus. Elle est encore dans ses rêves! Le malade peut parfois donner l'impression de voir des choses provenant d'un autre monde, comme des  êtres disparus qui reviennent le voir et pourrait même converser avec eux.

Il peut agiter les bras ou tenter de saisir un objet inexistant à vos yeux ou vouloir se rendre dans un autre lieu, etc. Le malade s'apprête à quitter ce monde pour un autre et pourrait donner l'impression d'être complètement désorienté.

  • 1. Toutes ces données sont évidemment estimatives et peuvent différer d'une personne à l'autre.
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