Ces personnes qui ont mal

Notes personnelles dans une perspective de soins palliatifs "oncologiques" Par : Brizard, André, MD

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201 - La douleur chronique: un cercle très vicieux!

En somme, ces différents impacts vécus par voie directe ou indirecte entraînent de profonds courants de turbulence dans tout le réseau gérant l'intégration de la vie affective et comportementale.

Les conséquences en sont multiples à commencer souvent par un dérèglement du cycle d'éveil et de sommeil. Il en va ainsi pour ce qui est du seuil de la douleur qui, en présence de turbulences émotionnelles, s'abaisse considérablement, facilitant ainsi la perception des douleurs physiques beaucoup plus précocement.

La personne qui avait déjà mal connaît ainsi une accentuation de ses douleurs, même de faibles stimuli douloureux sont mal reçus dans un cerveau troublés, préoccupés, peinés, en manque de sommeil réparateur. Et pourtant, les influx nociceptifs en provenance des faisceaux paléo-spinothalamiques et autres faisceaux nociceptifs continuent d'envahir, d'inonder toutes les zones impliquées dans la perception et la gestion des influx douloureux.

En peu de temps, la douleur, de purement physique qu'elle était au début, sera ressentie comme une douleur dans le corps, doublée de multiples inconforts dans l'être.

La maladie aura pour ainsi dire recouru à un néfaste allié, la douleur, pour entraîner une cascade de bouleversements qui, bien souvent, emprisonne la personne dans le cercle vicieux de la douleur chronique.

L'ensemble de ces impacts, surajouté à une ou des douleurs présentes, entraîne une atténuation de la quantité et de la qualité du sommeil.

Les différents impacts tant physiques que non-physiques, surajoutés l'un à l'autre, éveillent, chez la personne qui a mal, de vieux sentiments qui ont accompagné la nature humaine depuis ses origines.

La fatigue s'installant, les vieux sentiments surgissent:

  • l'angoisse,
  • la détresse,
  • le désespoir,

avec comme conséquence un isolement social de plus en plus grand.

En même temps, apparaît une réduction de la capacité d'éprouver du plaisir tellement la ou les douleurs sont omniprésentes, dérangeantes et totalement envahissantes.

Toutes ces turbulences confondues entraînent un abaissement encore plus important du seuil de la douleur et la personne s'enfonce progressivement dans un gouffre, prisonnière qu'elle est d'un cercle vicieux qui ne fait que s'accentuer jour après jour.

202 - La douleur globale ou douleur totale ou la souffrance: un mal redoutable

Décidément, la douleur globale ou douleur totale ou la souffrance "tout court" est un mal redoutable à éprouver.

Il sera particulièrement important, comme nous le verrons dans le manuel II portant sur l'évaluation de la ou des douleurs, d'en identifier toutes les composantes, sans quoi toute gestion analgésique risque de devenir, en partie, vide de sens, n'apportant alors qu'une portion des bénéfices qu'elle aurait dû produire.

203 - Fin

FIN DU MANUEL I